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Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. 

Croissance lente

Mardi 15h54 la date et l’heure sont en gros titre à la une des Echos.

Avec 12 ans de retard, Flamanville démarre annonce le quotidien économique.

Après 17 ans de chantier calvaire comme l’appelle le journal, EDF a mis en service son premier réacteur EPR en France.

Et c’est une très bonne nouvelle !

Même si la question du cout de l’électricité produite se pose encore souligne David Barroux, cette mise en service nous donne une occasion de nous réjouir.

« Ne boudons pas notre plaisir » écrit aussi Irène Inchauspé dans l’Opinion, Ce réacteur va produire de l’électricité pendant 60 ou 80 ans.

« Le nucléaire français repart à plein régime » se félicite aussi le Figaro en une.

« Alors que notre pays avait importé de l’Electricité en 2022, son solde net est redevenu positif en 2023 et il a retrouvé son rang de premier exportateur européen d’électricité. Le renforcement de la puissance du nucléaire civil contribue à sa souveraineté énergétique avec un faible impact carbone ».

Alors roulez tambour sonnez trompettes !

Eh bien pas pour tout le monde. Libération ce matin éteint la lumière et a décidé de ne pas consacrer une ligne à l’évènement.

 

Pauvres journalistes politiques !

Pendant ce temps-là, sur le front politique. 

Mardi 15h54 Elysée. rien ! Toujours pas de Premier Ministre. Et à la lecture de leurs papiers vous sentez en ce moment l’immense désarroi des journalistes politiques qui ne savent vraiment plus quoi écrire.

Pour paraphraser Churchill, on pourrait dire que leur métier consiste en ce moment à tenter de prévoir ce qui va se passer le lendemain. Et le jour d’après à nous expliquer pourquoi rien ne s’est produit comme ils l’avaient prévu.

« Mais c’est à cause de la méthode employé ! » enrage Guillaume Tabard du Figaro.

Emmanuel Macron a engagé le 23 août un round de discussion avec les partis, puis il y en a eu un deuxième, puis un troisième. Puis un mouvement continue de consultations jamais conclu, ni conclusif... »

« On aurait pu imaginer le huis clos maximal jusqu’à la fumée blanche, façon conclave » s’énerve-t-il.

Un conclave. L’idée plait bien à la Croix. Et d’ailleurs ce matin, Alain Rémond, le facétieux chroniqueur du quotidien catholique rappelle que, face à un problème quasi similaire, les habitants de Viterbe au 13ème siècle avaient trouvé la solution. Viterbe, c’est dans cette petite ville du centre de l’Italie que s’est effectivement tenu le plus long conclave de l’histoire de la papauté. Deux ans et neuf mois.

Excédé, la population avait fini par enfermer les cardinaux à clé. Cum Clave, d’où le mot conclave puis les a mis au pain sec et à l’eau.

Et Alain Rémond de se demander si on ne pourrait pas faire la même chose à Emmanuel Macron à l’Elysée tant qu’il n’a pas choisi son premier ministre ce qui ne serait pas très chrétien.

 

Les journaux ont donc pris le parti d’en rire.

Oui mais c’est un peu le rire du désespoir. A la une de l’Opinion, Nicolas Beytout raille lui aussi le président et son comique de répétition comme il l’appelle. Le défaut du genre précise-t-il, c’est qu’il peut vite lasser l’auditoire et se retourner contre l’apprenti-humoriste.

Et d’ailleurs à une du Parisien aujourd’hui en France, on ne rit plus du tout.

« Parce que pendant ce temps-là le déficit se creuse » titre le journal.

5,6 % au lieu de 5,1. C’est 10% de déficit public de plus que prévu. c’est absolument considérable. 

« Ce chiffre devrait imposer un peu de sagesse » écrit Nicolas Charbonneau dans son éditorial. « Dans un monde normal on parlerait de catastrophe, dans une entreprise on baisserait le rideau. Mais la politique est un univers parallèle. Comme disait Chirac, notre maison brule et nous regardons ailleurs ». 

 

Est-ce une conséquence maintenant de l’impéritie de notre personnel politique ? En tous cas l’information donnée par le Figaro donne froid dans le dos.

Jamais les jeunes dans notre pays ne se sont autant bourrés d’anti dépresseur.

En quatre ans le nombre de 12-25 ans ayant eu recours à ces médicaments a bondi de 60%.

60%. Depuis 2020, la santé mentale des adolescents et des jeunes adultes s’est particulièrement dégradée écrit Shaya Baldassari, En cause évidemment les effets des confinements. Et à mon avis la séquence politique que nous traversons depuis la dissolution ne va pas arranger les choses.

 

 

On l’appelait Cannelle

Mais ne soyons pas trop dur avec notre personnel politique

Si vous avez raison car il s’est quand même passé un évènement majeur hier dont on a trop peu parlé : Gabriel Attal a planté son arbre.

C’est une tradition « républicano-jardinière ». Au bout de six mois à Matignon le Premier ministre a le droit de planter un arbrisseau dans le parc.

Bénéficiant donc de l’incapacité de son président à lui trouver un successeur Attal a finalement atteint la date fatidique. Il a donc pris son sceau et sa pelle hier et a donc planté en petit comité, nous révèle le Parisien, un érable cannelle.

Erable cannelle : Ça rappelle un peu l’Ours cannelle qui avait beaucoup occupé le mandat de jacques Chirac en ce temps où on s’occupait déjà des vrais problèmes de ce pays.

Le journal nous précise que c’est une essence à croissance très lente. Je crois que cela, tout le monde l’avait déjà compris.