En février, une loi niant toute responsabilité ou complicité de la Pologne dans la Shoah a été adoptée, libérant ainsi une parole antisémite dans le pays. Cela se ressent notamment au musée d'Auschwitz.
Et d’abord, en ce 8-Mai, jour de la capitulation allemande, on va prendre la direction de la Pologne où les guides et les salariés du musée d’Auschwitz ont bien des soucis avec les nationalistes…
C’est une conséquence directe de l’adoption d’une loi début février. Une loi mémorielle très controversée, voulue par le parti de la droite conservatrice au pouvoir, le PiS (parti Droit et Justice), qui nie toute responsabilité ou complicité de la nation polonaise dans la Shoah. Interdit, par exemple, de parle de "camp de la mort polonais". Et cette loi a décomplexé les nationalistes les plus durs, a fait monter une sorte de fièvre de sentiments patriotiques et en même temps a libéré une parole clairement antisémite dans le pays, ainsi qu’une parole xénophobe et antimusulmane. Et le musée d’Auschwitz-Birkenau est devenu une cible privilégiée. Ses dirigeants, et les guides qui y sont formés, sont accusés de minimiser le sort des quelques 74.000 Polonais non juifs qui sont morts dans le camp. De gommer "l’héroïsme polonais" et de faire le jeu, de "la narration juive".
Ça s’exprime ouvertement, ces idées ?
Oui, dans les médias d’abord, qui sont contrôlés majoritairement par le pouvoir en place ces dernières années. Et puis le personnel qui travaille sur le site de l’ancien camp de concentration et d’extermination, pour que l’Histoire ne soit pas oubliée, vit cette pression au quotidien. Accusés d’être "anti-polonais", ils font face à une propagande qu’ils sont contraints de démentir de plus en plus fréquemment. Le frère du directeur emblématique du musée d’Auschwitz a publié mi-mars, un billet sur Facebook pour dénoncer "50 jours de haine ininterrompue. (…) Des arguments mensongers. Des dizaines d’articles, des centaines de comptes Twitter engagés, des milliers d’attaques, des vulgarités, des menaces, des diffamations, des délations. A vomir." Certains réclament que seuls les Polonais puissent être guides dans le camp, le domicile d’un guide italien a été vandalisé en mars. Et un autre a été malmené par un groupe de visiteurs nationalistes, partisans d’un homme politique antisémite notoire, enveloppés dans des drapeaux polonais.
Une ambiance délétère. Et ça ne provoque pas de réaction ?
Vous savez le pouvoir est proche des milieux d’extrême-droite. La situation est donc très délicate pour les responsables du musée d’Auschwitz, qui dépendent du ministère polonais de la culture. Ils semblent ne pas vouloir faire trop de vagues à ce stade. Il faut se souvenir qu’un certain nombre de directeurs de musées ont sauté ces dernières années, remplacés par des proches du parti PiS, Droit et Justice. Ceux qui opposent leurs idées à celles du pouvoir en place sont systématiquement accusés d’être "anti-polonais".
Plus léger, un clin d'œil à la Poste allemande, qui vient de faire un gros pied de nez à l'industrie automobile. Hélène Kohl vous êtes à Berlin pour Europe 1. Un employé de la Poste allemande a en effet développé son propre véhicule électrique, et ça fait un carton.
Oui, il y a six ans Jürgen Gerdes a eu une intuition géniale. Le chef de la branche paquet de la Poste a tout simplement prévu que les véhicules diesel risquaient tôt ou tard d'être interdits en ville. Ce qui va d'ailleurs bel et bien se passer dès cet été dans des agglomérations comme Düsseldorf ou Bonn ! Sauf que dans le même temps, les commandes sur internet explosent et avec elles les livraisons en ville ! L'ingénieur de 53 ans convainc donc la Poste de passer aux camionnettes électriques et il lance un appel d'offres auprès de l'ensemble des constructeurs automobiles allemands qui l'envoient tous faire sa tournée ailleurs ! Pour eux ce n'était pas réalisable, pas rentable, bref pas sérieux !
Sauf qu'il l'a fait !
Enfin il mandate un groupe de chercheurs et d'ingénieurs d'Aix-la-Chapelle. Et en 2016 il présentait son "Streetscooter", qui fait vite ses preuves puisqu'aujourd'hui, il a déjà remplacé 6.000 des 55.000 véhicules postaux. La Poste assure elle-même toute la production, en série, dans une usine construite exprès d'où sortent 50 fourgons neufs par jour ! Pas mal pour un modèle que tous les géants de l'automobile avaient snobé !
Ils s'en mordent les doigts aujourd'hui ?
En tout cas, ils ne sont toujours pas en mesure de proposer un concurrent au Streetscooter de la Poste ! Ils sont complètement à la traîne sur ce marché, qui est pourtant énorme ! Car c'est la panique ici chez les artisans commerçants des centres-villes, menacés par l'interdiction imminente de la circulation des diesels. Ils cherchent des solutions alternatives. Alors il y a quelques mois, La Poste a décidé de commercialiser les fourgonnettes électriques de monsieur Gerdes ! Succès immédiat ! Et pas seulement en Allemagne. Elle a reçu des commandes des Pays-Bas, d'Angleterre. Certains modèles sont même maintenant testés en Asie.
En bref, une première au Maroc. Des milliers de femmes se sont pressées dans sept villes du pays pour passer un concours. Un concours de quoi ?
Un concours pour devenir "adoule". Les "adoules" sont les notaires de droit musulman, qui rédigent par exemple des actes de mariage ou d’héritage. Le Roi Mohammed VI a décidé fin janvier d’ouvrir cette fonction aux femmes mais jusqu’ici elles en étaient exclues car selon une interprétation des textes de l’Islam, le témoignage d’une femme vaudrait la moitié de celui d’un homme. Or le témoignage est au cœur du métier d’Adoule. Une évolution, vous l’imaginez, saluée par les milieux libéraux et critiquée par les salafistes.