Antonin André et Axel de Tarlé font le point sur l'actualité du jour.
Axel de Tarlé, expert économie
Les inondations ont naturellement un coût humain très important avec notamment des familles entières qui se retrouvent à la rue. Mais, il y a également le coût financier pour les compagnies d'assurance.
Ça se chiffre en centaine de millions d'euros voire bientôt en milliards d'euros car, malheureusement, le phénomène devrait s'aggraver.
La Fédération Française des Sociétés d'Assurances, a sorti une étude sur l'impacte de ces catastrophes naturelles, à l'occasion de la Cop 21.
De fait, les inondations coûtent très cher aux compagnies d'assurance. Sur les 25 dernières années, elles ont versé en France, en cumulé plus de 16 milliards d'euros d'indemnisation.
Mais ça n'est pas le poste le plus coûteux parmi les aléas climatiques.
Ce qui coûte le plus cher, ce sont tout d'abord les "tempêtes, grêle et neige" avec 24 milliards sur les 25 dernières années mais, c'est normal, il y a beaucoup plus de tempêtes que d'inondations. En nombre de sinistres déclarés, il y a six fois de tempêtes que des inondations.
Heureusement, parce qu'une inondation, c'est à chaque fois beaucoup de dégâts.
L'indemnisation moyenne pour une inondation pour un particulier est de 7.200 euros contre seulement 1.800 euros pour une tempête.
Pour les entreprises, il faut compter 27.000 euros.
Ce chiffre devrait doubler dans les 25 prochaines années pas tant à cause du réchauffement climatique mais parce que les gens vivent de plus en plus le long des fleuves et des rivières ou encore en bord de mer notamment sur la cote atlantique ou méditerranéenne.
En bord de mer, on s'expose à ce que les assureurs appellent des phénomènes de "submersion marine". Les dégâts et donc les coûts devraient, non pas doubler, mais quadrupler d'ici 25 ans, passant de un à quatre milliards d'euros, notamment à cause du réchauffement climatique.
Donc, ces aléas climatiques vont coûter de plus en plus cher aux compagnies d'assurance.
Comment vont faire les compagnies d'assurance ? Vont-elles augmenter considérablement leurs prix ?
Probablement, mais vous savez comment elles arrivent à se prémunir contre ce risque climatique.
Elles émettent ce que les anglais appellent des "cat bond", des "obligations catastrophes". Elles empruntent de l'argent sur les marchés à des taux très élevés mais, en contrepartie, il est stipulé que si une catastrophe naturelle intervient comme des inondations ou des tempêtes, la compagnie d'assurance ne remboursera pas intégralement son emprunt.
C'est une façon pour elles de se décharger un peu du risque climatique.
Antonin André, expert politique
La politique c’est la loi Travail ou comment sortir des blocages, des manifs alors que l’Euro se profile. Pour ne rien arranger la CFE-CGC rejoint l’intersyndicale hostile à la loi. Est-ce que le gouvernement voit une porte de sortie ?
Non ! "La solution tout de suite ? Je ne l’ai pas" voilà ce que répond le Premier ministre en privé. En réalité, la solution c’est qu’il n’y a pas de porte de sortie. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a rien à négocier. "Ne vous torturez pas", ajoute Manuel Valls, ni "amélioration", "assouplissement", ni "réécriture", l’article 2 ne bougera pas. Tout le monde est prié de s’en tenir à cette ligne, n’est-ce pas "Bruno Relou" euh Bruno Leroux, pardon. Pas question de négocier le moindre début de remise en cause de la primauté de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche. Donc, comment on en sort ? En laissant pourrir, mourir le conflit. Et si ça dure jusqu’à l’Euro et bien le gouvernement y est prêt, et il durcit encore un peu plus ses positions: l’exécutif, il y quelques jours, a conseillé aux compagnies pétrolières de bien appliquer les retenues de salaires aux grévistes. Pas de pitié pour les bloqueurs. Quant aux frondeurs qui prient le gouvernement de bien vouloir renoncer au 49.3 pour la deuxième lecture à l’assemblée, ils peuvent toujours prier. Le Premier ministre l’a asséné une fois, il l’assènera une seconde sans aucun état d’âme.
On entend la fermeté du Premier ministre, très offensif presque provocateur, Manuel Valls est parfois un peu perçu comme un pompier pyromane dans la majorité, Le président approuve cette stratégie très martiale ?
Oui et c’est assez rare pour être souligné. En cas de crise, il y a un reproche récurrent que fait le président au Premier ministre : celui de ne pas retenir ses coups, de nommer trop brutalement les choses. Par exemple dans le débat sur la déchéance de nationalité, lorsque Manuel Valls fustigeait une gauche qui s’égare. Cette façon de rajouter de la crise à la crise. Sur la loi Travail c’est simple, il n’y a pas une feuille de papier à cigarette entre le Président et le Premier ministre. Jusque dans les mots prononcés en privé à Matignon et à l’Élysée sont exactement les mêmes : cette loi Travail est le moment d’une triple clarification :
-Clarification politique : entre une gauche sociale-démocrate et une gauche conservatrice, archaïque
-Clarification syndicale : entre des syndicats réformateurs et des syndicats contestataires
-Clarification citoyenne : entre ceux qui font confiance à l’entreprise et ceux qui s’accrochent à l’état protecteur
Et pour donner du sens à ce bras de fer, le couple Hollande-Valls y met une dimension historique et prédictive : "Si l’on recule aujourd’hui et qu’il est démontré que le blocage paye, alors comment feront-ils ceux qui nous succéderons pour réformer le pays ?" analyse Manuel Valls, le Premier ministre n’attendent plus que les merci de la droite.