Le 14 juillet de Hollande, la bonne image de l'UE et le groupe soudé de l'équipe de France : les experts d'Europe 1 vous informent !

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SAISON 2015 - 2016

François Clauss, Antonin André et Axel de Tarlé font le point sur l'actualité du jour.

Antonin André, expert économique

L’intervention présidentielle du 14 juillet. La dernière de François Hollande président, en tous cas pour ce quinquennat. Une intervention qui est déjà à peu près calée par le président et ses collaborateurs.

Classique sur la forme, très politique sur le fond. TF1 et France 2,  Gilles Bouleau et David Pujadas, 45 minutes d’interview dans le salon des portraits à l’Elysée. On est exactement sur le même format que les deux années précédentes. Les vœux et le 14 juillet c’est de l’institutionnel, du solennel,  pas la peine d’inventer des artifices.

Sur le fond en revanche, le 14 juillet doit clore un cycle de trois mois nous explique-t-on à l’Elysée. Le 14 avril c’était la dernière grande émission télévisée de François Hollande le fameux "Ça va mieux" et bien le 14 juillet sera la dernière page du cycle "Ça va mieux" : défense du bilan et surtout ses premiers fruits. Le chômage qui décline, la croissance qui s’amplifie avec promet-on au palais plus de détail sur la baisse d’impôt et ceux qui en bénéficieront, baisse promise par le Président la semaine dernière autour de 2 milliards d’euros. Deuxième temps de l’intervention : la suite.

Pour la rentrée, le Président expliquera qu’il va continuer de réformer jusqu’au bout. On n’est pas obligé de le croire pour le coup parce qu’en dehors de la Loi de finances il n’y a plus aucun texte, et que c’est bien une période de pré-campagne électorale qui va débuter dès septembre y compris pour le président lui-même 

Antonin, l’épisode "Ça va mieux" va donc se poursuivre jusqu’au 14 juillet, le président l’a martelé, répété, et de fait c’est vrai  que le chômage baisse, que la croissance revient. Est-ce que c’est la bonne méthode, est-ce que c’est la stratégie gagnante pour François Hollande ? 

Non. Le "Ça va mieux" ne fait pas sens. Économiquement – je parle sous le contrôle d’Axel- oui ça va mieux. Mais politiquement c’est inaudible. Pourquoi ? Parce que la Loi travail écrase tout, parce que la Loi travail a fracturé la gauche après le débat sur la déchéance et que ces coups portés à la gauche sont durs. J’ai repris les sondages depuis le 14 avril, TNS Sofres, François Hollande perd trois points en trois mois, Ipsos, il en perd deux, YouGov moins 5 points, intentions de vote BVA pour la présidentielle : il recule derrière Jean-Luc Mélenchon à la 4ème place du premier tour.

Dans sa propre famille François Hollande ne reçoit le soutien que d’un sympathisant socialiste sur deux. C’est pour cela qu’aujourd’hui le 49.3 va être dégainé sans attendre. Pour en finir vite avec la loi travail, pour passer à autre chose, dégager le terrain politique à tout prix avant l’intervention du 14 juillet.

En espérant enfin pour François Hollande que son "Ça va mieux" devienne audible et qu’il lui soit crédité dans l’opinion...c’est pas gagné !

 

Axel de Tarlé, expert économique

La popularité de l'Union Européenne remonte en flèche !

C'est l'une des conséquences inattendues du Brexit.  En France, mais aussi dans les pays nordiques, les peuples réalisent qu'ils sont attachés à l'Europe. Prenons le Danemark par exemple, pays eurosceptique dont on craignait justement après le Brexit que lui aussi ne veuille quitter l'Union Européenne. Vous savez, c'était la fameuse théorie des "domino" : si un pays sort, d'autres vont vouloir sortir.  C'est le contraire qui se passe au Danemark !  La cote de popularité de l'Europe y a bondi de 10 points. 69 % des Danois se disent favorable à l'appartenance de leur pays à l'Union Européenne.

En Finlande : le soutien à l'Union Européenne gagne 12 points à 68 % alors qu'en France il progresse de 7 à 59 %. Plus personne ne parle de référendum à l'anglaise.  Seuls, 32 % des Danois disent vouloir organiser un référendum pour quitter l'Europe. En baisse de 9 points, il faut dire que la campagne référendaire en Grande Bretagne n'a pas été exemplaire avec des contre-vérité et des promesses non tenues.

A Londres, chose assez extraordinaire, on a vu des dizaines de milliers de jeunes britanniques, défiler avec des drapeaux et de T-shirt européens. Avec des pancartes "I Love Croissant." Ces jeunes se disent que ce sera plus compliqué pour aller étudier ou travailler dans un pays européen.  Une autre pancarte où l'on pouvait lire "Fromage Not farage." Autre point : le Camp du Brexit n'était pas prêt à gouverner. Après Boris Johnson (qui a disparu la circulation), C'est Niguel Farage, le patron du parti anti-européen qui vient de démissionner. Le fameux plan B n'existe pas.

En revanche, quitter l'Union, c'est s'exposer à de sérieuses difficultés économiques. On le voit en Grande Bretagne les banques sont attaquées, comme les compagnies aériennes. EasyJet va peut-être devoir quitter Londres pour pouvoir continuer à travailler partout en Europe par exemple.

 

François Clauss, expert sportif

La naissance du "groupe France" dans l'équipe nationale.

Comment ça va pour l'équipe de France ?

Ça va bien ! J'ai été surpris par la sérénité qui se dégage derrière la barbe de "hipster" d'Olivier Giroud, parfaitement épanoui, gérant avec une maîtrise remarquable ce difficile match de la communication, seul face à une centaine de journalistes. Il est bien loin ce temps de la crispation, de la défiance permanente vis à vis de l'extérieur. Oui Giroud et Gignac sont bien rivaux pour le même poste mais s'entendent bien car ils se sont fait eux-mêmes, copains de longue date pour être sortis des canons de la formation à la française. Oui les jeunes "blacks" Coman et Umtiti sont protégés par leurs grands frères Matuidi et Evra. Oui, Griezmann et Pogba sont les rois des tournois de ping-pong et de Game of Thrones. Oui Mandanda est le chef de table des parties de poker. Un "groupe France" est bien né au Brésil il y a deux ans.

Cela n'a pas toujours été le cas, cette bonne ambiance au sein de l'équipe ?

Non on se souvientdu bus de Knysna, symbole du summum de la discorde. Le clan des "bad boys" (Ribery, Benzéma), Anelka contre les jeunes Lyonais propres sur eux (Gourcuff, Lloris). Il a fallu pratiquement six ans pour effacer les stigmates.

Quand on voit certaines équipes qui se sont fait sortir de l'Euro, c'est finalement tout sauf anecdotique cette bonne ambiance ?

Oui on découvre derrière les défaites des fissures à l'intérieur du groupe, comme pour l'équipe d'Espagne où le gardien remplaçant s'est injurié pendant un mois avec le sélectionneur. La Belgique aussi, où l'on découvre que les deux jeune coqs Hazard et De Brogne se sont battus pour le leadership de l'équipe. Si on regarde plus loin dans l'histoire du foot, on peut penser à l'équipe des Pays-Bas, une des meilleures, qui n'a jamais rien gagné à cause des dissensions entre les "gamins" du Surinam et les blancs du "plat-pays".