Le musée Albert Kahn et le Saint-Marcellin

Ce matin, Vanessa, on se balade en Ile-de-France, à Boulogne Billancourt, pour découvrir le Nouveau Musée Albert Kahn- qui a rouvert ces portes ce week-end.

Enfin ! Après 6 ans de travaux et l’attente en valait la peine, le musée rouvre ses portes au public. C'est un projet architectural, culturel et philosophique vraiment puissant. Ce qui nous invite à faire aujourd’hui une escapade un peu particulière : un voyage autour de planète tout en restant en Ile-de-France. C’est le monde qui s’offre à vous, en images. Et c’est Magali Melandri, Directrice déléguée à la conservation au Musée départemental Albert Kahn, qui nous plonge au cœur de ce monde. 

"Vous êtes ici immergé au cœur de la collection des archives de la planète dans ce grand cylindre qui permet grâce à des écrans très grand format, de faire défiler à la fois les autochromes, donc les premières photographies couleurs inventées par les frères Lumières au tout début du XXe siècle, et des films noir et blanc et muet. Albert Khan utilise ces deux techniques novatrices pour son projet des archives de la planète qui va permettre à une douzaine d'opérateurs cinémas et photos, de parcourir près d'une cinquantaine de pays de 1901 à 1931 pour enregistrer les réalités du monde, fixer cette diversité des cultures comme une archive, une mémoire du monde à transmettre aux générations futures."

'Enregistrer le monde par l’image' pour éveiller les consciences, mettre l’accent sur l’importance de la différence des cultures et ça, dans un seul et unique but : un meilleure entente entre les peuples. Et c'était primordial : le monde était en pleine transformation aux balbutiements de la mondialisation.

Et alors on voyage plus dans un pays qu’un autre ou pas ?

Alors non parce que pour Albert Khan, c’est plus l’expérience du voyage qui primait sur le pays. Il a beaucoup voyagé pour ses affaires, même fait un tour du monde. Mais il a quand crée une affinité particulière avec le Japon pour ses affaires, sur le plan amical. Il a notamment reçu la famille impériale à Boulogne et puis le plan culturel, spirituel, puisqu’il va même recréer dans les jardins un bout de terre japonaise avec des maisons traditionnelles japonaises posées dans une nature dessinée, modelée par un chef jardinier japonais. Un lieu dans lequel il se ressource. On y trouve notamment : 3 rivières, des rivières sèches, des petits ponts. Un Japon miniature toujours aussi parfait pour la contemplation.

Mais ce nouveau musée qui arrive au milieu de ces jardins, ça doit trancher un peu non ?!!

Non justement, quand je vous disais que c’était un projet puissant, c’est parce que l’architecture contemporaine elle-même est puissante.

Elle dialogue avec la nature. Et c’est à un grand architecte japonais Kengo Kuma que l’on doit cet écrin. Il a su donner une relecture contemporaine justement de la fascination d’Albert Kahn pour le Japon. Et en particulier par les Engawa, ces plateformes qui font la transition entre l’intérieur et l’extérieur dans les maisons traditionnelles japonaises. Ce sont de véritables espaces de contemplation.

Une adresse pour rester dans cette balade cosmopolite ?

Oui pas très loin, dans le 16e arrondissement à Paris : le Sourire de Passy, une des très rares maisons d’hôtes de Paris. Un élégant hôtel particulier de 1909 avec kiosque sur le toit terrasse et des chambres thématisées autour de différentes cultures.

Marion Sauveur, avec vous, on part dans l’Isère. 

J’avais envie de vous faire découvrir ou redécouvrir un fromage du Dauphiné : un petit fromage cylindrique à la croûte légèrement plissé. Il ressemble à un fromage de chèvres, mais c’est un fromage de vaches. C’est le Saint-Marcellin, qui possède une Indication Géographique Protégée. 

C’est aujourd’hui la fête du Saint-Marcellin, à Saint-Marcellin dans l’Isère. Il y aura notamment des dégustations, comme ici dans ce studio. 

Il peut être très coulant ou plus sec en fonction de son affinage. C’est l’étape de séchage plus ou moins longue qui va déterminer la souplesse du fromage avant le passage dans la cave d’affinage, le hâloir, où les fromages vont développer tous leurs arômes.

Ce Saint-Marcellin est aujourd’hui fabriqué dans les départements de l’Isère, de la Drôme et de la Savoie, dans 17 fromageries, à l'image de la fromagerie de Rochas, à Quincieu en Isère. Mais c’est bien au cœur des fermes de l’Isère qu’il est né. Ce sont les femmes qui les réalisaient d’abord pour les manger en famille… avant de les vendre sur les marchés. Et ça ne date pas d’hier, comme me l’a raconté Sylvie Colombier-Marion du Comité pour le Saint-Marcellin.  

"On retrouve les premières mentions au XVe siècle. Les premiers Saint-Marcellin on appelait ça des petites tommes au début. Il a commencé à être vendu à Saint-Marcellin et il a pris assez naturellement le nom de la ville. Au tout départ, il était a priori au lait de chèvre. Ensuite il a été fait sur un lait de mélanges de chèvre et de vache. Avec l’évolution de l’agriculture, la transformation de l’agriculture, sur la zone où il était fabriqué, les chèvres ont rapidement disparu. Ce sont les vaches qui se sont installées et il a fini par être produit uniquement au lait de vache".  

Des vaches principalement Montbéliardes et qui pâturent au moins 180 jours par an. 

Comment est-ce qu’on le cuisine ? 

Sur un plateau de fromage bien sûr, pour qu’il soit parfait pour la dégustation, pensez à le sortir de votre réfrigérateur 1h avant dégustation. Côté cuisine, la spécialité en Isère, c’est la marcelline : un Saint-Marcelin entouré de lard fumé, dans une pâte feuilletée… passée au four… et le fromage dégouline. C’est une recette bien gourmande. 

Pour changer un peu, je vous propose une Tartine printanière au Saint-Marcellin.

On fait revenir le Saint-Marcellin. En parallèle, on fait cuir quelques lardons à la poêle. On ajoute des asperges vertes coupées en tronçons. Sur une tranche de pain de campagne, on dépose les lardons, les asperges et par-dessus du Saint-Marcellin déposés en tranches. On passe la tartine au four une dizaine de minutes. Et c’est prêt !