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SAISON 2016 - 2017

Alors qu'Emmanuel Macron prend ses marques à l'Élysée, Soazig Quémener nous livre son édito politique.

Macron maîtrise l’art de la guerre politique

Oui, depuis une décennie, nous nous sommes habitués à des présidents tacticiens. Comme Nicolas Sarkozy, qui avait pensé troubler la gauche en pratiquant l’ouverture, puis prospérer sur l’extrême droite en pillant ses idées et son vocabulaire. Il n’a pas pu être réélu.
Nous avons également connu François Hollande président qui espérait affaiblir son impétueux premier ministre Manuel Valls en nommant à Bercy un jeune ministre réformiste. On sait ce qu’il en est advenu.
La stratégie d’Emmanuel Macron est bien plus complexe. Lorsqu’il étudiait la philosophie à Nanterre, le président s’était plongé dans l’œuvre du penseur Machiavel, la référence en terme de philosophie politique. Il l’a d’ailleurs déclaré au New York Times, sa connaissance des écrits de l’auteur du Prince, lui a permis de surnager lors de son arrivée dans le marigot politique.

Qu’y a-t-il de machiavélique dans la méthode Macron ?

"Gouverner, c’est faire croire", écrivait Nicolas Machiavel. C’est exactement ce qu’a mis œuvre Emmanuel Macron dans la constitution de son gouvernement. Dans un premier temps, il a commencé par faire croire qu’il n’avait enrôlé "que" trois hommes de droite : Édouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. Jusqu'à ce que l'on comprenne que le ministre de l’Éducation nationale était lui aussi une prise de guerre. Professionnel reconnu, Jean-Michel Blanquer a été numéro deux du ministère sous Luc Châtel. Pour ne rien gâcher, il est également un ami de François Baroin, le leader des Républicains pour les législatives, qui n’a eu d’autre choix que d’en dire hier le plus grand bien.
Il a également plu à Emmanuel Macron de laisser croire que Muriel Pénicaud, la nouvelle ministre du Travail était avant tout une ancienne DRH de Danone. C’était oublier trop vite qu’elle a été conseillère de Martine Aubry ! Jean-Claude Mailly, le patron de Force ouvrière l’a adoubée en expliquant que son profil était "rassurant". Quant à Nicolas Hulot, c'est évidemment une très belle prise. Mais en même temps, et cela compte, Jean-Luc Mélenchon perd le monopole de la défense de l'écologie dans la perspective des législatives.

Chez Macron tout est affaire de faux semblants ?

Il s'agit comme l'écrivait un autre célèbre stratège, le Chinois Sun Tzu, de maîtriser l'art de la surprise. Dans la gigantesque partie d'échecs qu'il est en train de mettre en place, Emmanuel Macron cherche toujours à avoir un coup d'avance. Un jeu risqué. Des sondages publiés hier ont montré que si son gouvernement satisfait 61% des Français, il ne récolte lui, Emmanuel Macron, que 45% d’opinions favorables. Il est au passage utile de rappeler que Machiavel a souvent été déçu par ses disciples.