Alors que le Front national tente de se remettre de sa défaite à la présidentielle, Soazig Quémener nous livre son édito politique.
Florian Philippot-Marine Le Pen, les prémices du divorce.
Oui, la fusée Macron a percuté l’ensemble du paysage politique de plein fouet. Et le FN ne va pas pouvoir faire l’économie d’une grande clarification. Vous le savez jusqu’ici deux lignes marchaient derrière l’oriflamme de Marine Le Pen : l’identitaire défendue par Marion Maréchal-Le Pen. La souverainiste incarnée par Florian Philippot, avec une mesure phare : la sortie de l’euro.
Mais n’est-ce pas réglé ? Marion Maréchal-Le Pen vient de décider de se retirer de la vie politique.
En reculant provisoirement en arrière-scène, Marion Maréchal-Le Pen déséquilibre fortement le parti et inaugure une période de fortes turbulences. Les divergences entre une Marine Le Pen très affaiblie et forcée de tenir compte de l’avis des cadres de son parti d’un côté et Florian Philippot de l’autre, éclatent depuis au grand jour. Au cœur des discussions : encore et toujours la sortie de l’euro. Alors qu’elle défend cette mesure depuis 2011, Marine Le Pen a expliqué dans la dernière ligne droite de la présidentielle qu’elle n’était plus le préalable à toute politique économique. Hier matin, Florian Philippot a laissé poindre sa déception. Pour l’énarque, sa proposition de réforme a été gâchée. En laissant par exemple entendre que deux monnaies, le franc et l’euro allaient cohabiter dans le portefeuille des Français, on a "stressé tout le monde". Même s’il s’en défend, le vice-président Philippot touche par ricochet la patronne du FN. Depuis plus d’une semaine, celui qui vient de créer son association les patriotes, menace d’ailleurs ouvertement de quitter le parti si la sortie de l'euro était ôtée du programme.
Comment Marine Le Pen va-t-elle pouvoir assurer un semblant de cohésion au FN ?
Il devient de plus en plus délicat pour elle d’assumer au grand jour le chantage de Florian Philippot. Hier matin, pour la première fois, Marine Le Pen a semblé prête à sacrifier son bras gauche. "Si, demain, les adhérents du FN décidaient qu'on doit abandonner la sortie de l'euro, il ne se sentirait plus en accord avec ses convictions, je trouve que c'est tout à son honneur". Elle souhaite que cette question soit réglée lors du congrès prévu fin 2017. Celui-ci promet d’être sanglant.
Il se fera sans Marion Maréchal-Le Pen qui travaille déjà à l’après. Dans une interview à Valeurs actuelles la députée du Vaucluse a tendu la main à Laurent Wauquiez. Enjambant sa tante, elle croit en un nouveau FN, identitaire, conservateur et catholique fusionné avec toute une partie de la droite. Et dans lequel cela va de soi, le souverainiste Philippot ne pourrait pas prétendre au moindre strapontin.