Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Ce matin le parlement européen doit désigner son ou sa présidente. Le blocage européen auquel on assiste est la vraie conséquence du scrutin de mai dernier. Il y a urgence à réformer l’Europe mais en est-elle capable ?
L'Europe c’est comme une scène de théâtre : on y joue le drame et à la fin tout le monde se congratule et salue le public. Exemple : avant-hier, Emmanuel Macron fustigeait une Europe qui ne montrait pas une image sérieuse. Mais hier le président français affirmait : "on a jamais choisi une équipe dirigeante aussi vite", rien que ça. Alors au final, voilà un nouveau couple franco-allemand, et il est féminin : Ursula van der layen et Christine Lagarde, les deux femmes les plus puissantes de l’Union européenne. Elles permettent de masquer les dissensions du couple dirigeant entre Merkel et Macron
Certes Angela Merkel a dû renoncer à son premier candidat sous la pression de Macron, le choix d'Ursula von der layen qui un temps a été sa dauphine montre encore son influence. Mais c’est surtout le choix de Christine Lagarde qui retient l’attention. Car la française connaît Merkel de longue date et en coulisses, elle a même confié parfois que Merkel l'appréciait plus que Sarkozy à l’époque. Les sherpas des G20 plaisantaient en se demandant de qui Lagarde était la ministre des Finances de Sarkozy ou de Merkel.
Donc affaiblie, la chancelière a encore quelques cartouches dans ce nouveau psychodrame européen ou tout fini toujours sur un accord.
D’autant que les secousses continuent : la France a annoncé qu’elle ne ratifierait pas l'accord entre le Mercosur et l'UE.
Négocié depuis 20 ans, ce traité crée un marché de 700 millions de personnes, un quart du PIB mondial, 18.000 milliards d’euros. 90 % des droits de douanes imposés par l'UE vont disparaître. Surtout, les modes de production dans ces pays ne vont pas en direction de la protection du climat. Donc, il y a une dimension politique cruciale et sensible. Entre écologie et accords commerciaux libéraux, LREM est tiraillée. Au sein de la liste Renaissance, on ne cache pas ses réticences. Alors que la France a pris la tête de la commission environnement au Parlement européen, un poste stratégique.
Donc c’est la sortie par la crise. La France ne veut pas signer cet accord pour l’instant, un signal en forme d’appel de phares aux écologistes. Changez-la, disait le slogan de la liste macroniste à propos de l’Europe. Vaste programme…En attendant il faut sauver l’image de la conversion présidentielle aux valeurs écologistes, cela vient d’être fait sur l’autel d’une Europe de plus en plus prise au piège de son fonctionnement à 28.