La présidente du Front national fait campagne sans faire campagne. Une stratégie payante mais pas gagnante.
Marine Le Pen ne dit rien et, pour cause, elle veut se faire médiatiquement rare. Sans doute pense-t-elle qu’elle n’a qu’à se baisser pour ramasser les voix à la pelle. L’actualité, les fautes et les erreurs de ses adversaires grossissent le potentiel de ses électeurs.
Hollande qui discrédite la fonction présidentielle ? C’est bon pour elle. Sarkozy qui renonce au ni Le Pen ni Hollande ? Pareille inconstance fait son affaire. Les primaires à droite et à gauche ? Des batailles de chiffonniers qui contrastent avec la sérénité supposée du Front national. Les policiers en colère, les images de migrants à Calais ou à Paris ? Le désordre ne peut que faire prospérer son fonds de commerce électoral.
C’est ainsi que Marine Le Pen fait campagne sans faire campagne et que tous les sondages la donnent qualifiée pour le second tour de la présidentielle. Une tactique payante, mais pas gagnante. Dans aucun cas de figure, Marine Le Pen n’est donnée vainqueur de la présidentielle. Or, prendre le pouvoir est son objectif.
Eviter les couacs. C’est pour cela qu’elle peaufine son image personnelle en jouant la bonne copine, humaine et souriante, dans l’émission de Karine Le Marchand, Une ambition intime. C’est pour cela qu’elle demande à ses lieutenants de limiter leurs apparitions médiatiques, afin d’éviter les couacs. Elle a ainsi interdit à sa nièce Marion Maréchal-Le Pen de participer prochainement à L’Emission politique de France 2 animée par Pujadas et Salamé.
C’est pour cela qu’elle contrôle le CV et le passé de tous ceux qui se présenteront en son nom aux législatives. C’est pour cela qu’elle songe à changer le nom du Front national, très connoté par son père. La consigne est : pas de vagues pour apparaître respectable.
Le parti de Marine est plus fragile qu’on ne le pense. Iln’est pas d’un bloc : plus il grossit, plus il est exposé aux désaccords internes. Avec d’un côté, un FN laïc, anti européen et dirigiste, comme Marine, et, de l’autre, un FN catho et poujado-libéral, comme Marion. En fait, le FN est comme tous les partis du système qu’il dénonce : traversé par les divisions intestines.