Sarkozy appelle le peuple au secours

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SAISON 2016 - 2017

Alors qu'il décroche dans les sondages, Nicolas Sarkozy en appelle à la France d'en bas, la majorité silencieuse, qu'il prétend vouloir sauver.

Selon Yves Thréard, Nicolas Sarkozy appelle le peuple au secours. C’est-à-dire ?

Oui l’ex président de la République, qui décroche beaucoup dans les sondages face à Juppé, voit bien que la dynamique de la primaire n’est plus avec lui.
Alors, il joue le peuple, la majorité silencieuse, la France d’en bas, celle des déclassés, des oubliés contre la France des élites qu’incarne, selon lui, son principal adversaire.
C’était le sens de son discours d’hier à Paris, dans un Zénith plein à craquer devant toute la galaxie Sarkozy réunie.
L’orateur s’en est pris aux corps intermédiaires, au "petit Paris mondain", à la "France virtuelle", aux "fiefs des médias, des intellectuels". Ce sont ses formules.
Il a dénoncé la trahison des clercs, comme entre les deux guerres.
D’où les référendums, pour stopper le regroupement familial des immigrés et interner les plus dangereux des fichés S.
Il se veut le porte-parole du peuple, et c’est en cela qu’il est populiste, ce n’est pas péjoratif.
Il veut sauver le peuple pour que, en fait, le peuple le sauve contre tous ses détracteurs.

A-t-il des chances d’être entendu ?

Il peut compter sur ses fans et ils sont nombreux, les mobiliser, les exciter en leur disant qu’ils doivent voter pour ne pas se faire voler la primaire par des gens de gauche prêts à soutenir Juppé, Fillon ou Le Maire.
Lui, c’est eux, le "petit Français au sang mêlé", comme il se présente, contre Juppé, le produit de l’énarchie et des grandes écoles.
Le seul problème, c’est qu’en l’écoutant hier, on avait l’impression de revenir à la campagne de 2007. Les mots sont le mêmes, les thèmes sont identiques, le ton est semblable, les mimiques aussi. Il est prêt à la bagarre.
Mais s’il y avait de la conviction en 2007, il y a aujourd’hui de la répétition.
Et on se dit : tout cela, comme les enfants qui se lèvent quand le maître entre dans la classe, il a eu cinq ans pour le faire. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Pourquoi serait-ce plus possible demain qu’hier ?

Il a encore trois débats face à ses adversaires pour marquer des points.

Bien sûr. Mais ce qui est incroyable, c’est que ce qui a fait son succès naguère pourrait signer son échec aujourd’hui. Pour beaucoup à droite, ce ne sont pas ses idées qui sont en cause, c’est lui, ce qu’il est. On l’a souvent dit : "le meilleur adversaire de Sarkozy, c’est Sarkozy".
Cela aussi, ça n’a pas changé.

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