Alors que Nathalie Péchalat s'est déclarée candidate à la présidence de la Fédération française des sports de glace, Virginie Phulpin estime que la féminisation des instances sportives devient une obligation.
C’est l’édito sport de Virginie Phulpin. Nathalie Péchalat est candidate à la présidence de la fédération française des sports de glace. Avec le scandale des violences sexuelles, pour vous, la féminisation des instances sportives devient une obligation, mais il y en a d'autres, l’Etat doit aussi jouer son rôle.
Je ne vais pas vous faire de dessin, je vais vous donner deux chiffres. Il y a 36 fédérations olympiques en France. Et combien de femmes présidentes ? Une seule, en escrime. Ça me semble assez parlant. Il y a bien quelques femmes dans les instances, mais elles n’occupent jamais ou presque de postes clés. On trouve quand même un contre-exemple avec la fédération de handball, où la parité est respectée au sein du bureau exécutif. Comme quoi c’est possible, et la fédération ne s’écroule pas pour autant.
Là je trouve que c’est une très bonne nouvelle que Nathalie Péchalat soit candidate à la présidence de la fédération des sports de glace. C’est une femme, une ancienne patineuse, et elle a signé la tribune des athlètes pour agir contre les violences sexuelles. Mais il faut viser pour être candidat ou candidate à la présidence d’une fédération sportive en France et avoir une chance d'être élu(e).
Le problème, c’est qu’un président peut se représenter pour le nombre de mandats qu’il veut. Parmi les mesures qui me semblent essentielles, c’est de limiter le nombre de mandats d’un président de fédération à deux par exemple. Ça permettrait à des femmes de remplacer des hommes, et surtout on n’aurait plus ces situations de président à vie ou presque, avec le risque de couvrir des scandales parce qu’on reste entre-soi et qu’on se sent au-dessus des lois.
L’Etat a aussi un rôle important à jouer pour prévenir les violences sexuelles dans le sport
On a besoin de l’Etat. C’est la ministre des sports Roxana Maracineanu qui l’a dit elle-même. Oui, les pouvoirs publics doivent rassurer les parents qui envoient leurs enfants faire du sport. Alors que doit faire l’Etat maintenant ? Déjà il va falloir faire évoluer la loi sur la question du casier judiciaire de ceux qui encadrent les enfants. Evidemment, la vérification de ce casier doit être obligatoire. Or ça n’est pas le cas pour l’instant. Donc il faut aller vite, et changer la loi dans les mois qui viennent.
Et puis il faut des contrôles efficaces dans tous les clubs de sport. Il y en a 300.000 en France. Et pour ces contrôles, on a besoin des agents de l’Etat. Notamment les Inspecteurs Jeunesse et Sport. Le problème, c’est qu’il y en a de moins en moins. En 10 ans, les effectifs ont chuté d’un quart. Et dans certains départements, il n’y en a carrément plus du tout. Ça me semble urgent d’inverser la tendance. Pour que ces agents puissent mener leur mission à bien. La ministre a engagé un processus vertueux, maintenant il faut aller au bout.