Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce vendredi, Virginie Phulpin lance un appel aux instances internationales. Selon elle, elles doivent réagir face à l'interdiction de sport pour les femmes en Afghanistan.
Les femmes n’ont plus le droit de faire du sport en Afghanistan. Les Talibans leur interdisent. Et c’est une preuve de plus que le sport est bien un marqueur important des droits humains, et les instances sportives internationales doivent réagir.
On ne va pas faire semblant d’être surpris. Les Talibans avaient déjà interdit aux femmes de faire du sport en Afghanistan quand ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001. Et aujourd’hui encore, ils utilisent les mêmes justifications. Le sport ne serait pas "une nécessité" pour les femmes. Virginie Phulpin utilise des guillemets, ce ne sont évidemment pas ses mots.
Et puis les codes vestimentaires du sport peuvent amener les femmes à exposer leur corps, ce qui est contraire aux règles fixées par les Talibans. Le sport en Afghanistan, ça n’est pas juste taper dans un ballon, courir ou sauter. C’est un outil d’émancipation pour les femmes, une conquête de liberté, et un acte de résistance. La sélection nationale de football féminin, par exemple, à la base, a été créée justement pour lutter contre l’idéologie des Talibans.
Pendant 20 ans, ces femmes ont tout fait pour être visibles, elles ont cherché à exister par le sport. Et aujourd’hui, le régime les efface. De nombreuses sportives afghanes ont quitté leur pays, elles se savaient menacées de mort justement parce qu’elles sont des sportives. D’autres ont fait disparaître leurs médailles et leurs équipements sportifs. Elles n’ont pas d’autre choix si elles veulent survivre.
Interdire les Afghanes de sport, ça n’est pas les priver de ballon, c’est nier leur condition humaine. Les Talibans expliquent que les femmes peuvent sortir pour répondre à leurs besoins, comme faire du shopping. Mais le sport, non, ça n’est pas une nécessité. Virginie Phulpin a rarement vu des phrases aussi tristes.
Les instances sportives internationales ont-elles les moyens d’agir ?
Une des premières conséquences de cette interdiction de sport pour les Afghanes, c’est la disparition de l’équipe féminine de cricket. Le cricket est un sport majeur en Afghanistan depuis les années 2000. Il se trouve que l’équipe nationale masculine a plusieurs matches prévus cet automne. Or, le conseil international du cricket exige que ses membres aient une équipe féminine. Il ne faut rien lâcher sur cette règle. Puisqu’il n’y a plus d’équipe féminine, l’équipe masculine ne doit pas pouvoir disputer ces matches internationaux. Point barre.
Virginie Phulpin ne dit pas que ça va faire plier les Talibans, ne soyons pas naïfs, mais c’est déjà un moyen de pression. Et il y en a d’autres. Elle pense aux jeux de Paris 2024. Le CIO ne devra pas accepter d’athlètes afghans hommes si les femmes sont toujours privées de sport dans leur pays. On ne peut pas faire les jeux de la parité en acceptant qu’un pays qui prive la moitié de sa population de sport soit représenté.
En fait, l’Afghanistan doit être exclu de toute compétition sportive internationale tant que les femmes sont interdites de sport. Le mouvement sportif sait se montrer solidaire quand il le faut. On parle souvent des fameuses valeurs du sport. Là, c’est le moment où jamais de prouver que ça n’est pas qu’une expression creuse.