Marc Messier brosse ce dimanche le portrait du célèbre Mahatma.
L’empire britannique autant que L’empire des sens. L’ennemi extérieur, l’ennemi intérieur. Une vie de lutte, pendant près d'un demi-siècle. Le Mahatma aura combattu le colonisateur anglais autant que sa libido. Quel Roi est sans faiblesse ? s’interrogeait Voltaire ? Celle de Gandhi se cachait sous son pagne. La fragilité d’un homme, soigneusement gommée derrière le mythe.
Mohandas Karamchand Gandhi, dit Bapu, le Père de la Nation Indienne, une figure fascinante pour l'Occident, mis à part pour Churchill, qui ne voyait vu en lui qu'un Fakir, séditieux, vivant à moitié nu. Pour le reste du Monde, c'était le Mahatma, "La Grande âme" en Indien, l'apôtre de la non-violence qui offrit l'indépendance à son pays, en faisant la grève de la faim.
Gandhi, un personnage singulier, secret, paradoxal. Un homme au désir sexuel insatiable. Un homme, qui aura tenté, pendant 40 ans, d’exorciser sa libido dévorante par la chasteté. Un voeu comme un exorcisme. Un voeu d'abstinence qu'il fit à l'âge de 35 ans, après 22 ans de mariage avec sa femme. Kasturba, la mère de ses 4 fils, qu'il épousa lorsqu'il avait 13 ans. Un mariage arrangé. Le kamasoutra en pleine puberté. Et un traumatisme qui le marquera toute son existence. On est en 1880. Gandhi a 14 ans. Son père est en train de mourir. Gandhi est là, à son chevet. Sa jeune épouse est dans une autre pièce pas loin. Son désir pour elle irrépressible. Gandhi lâche la main de son père et fonce faire l'amour à Kasturba. Lorsqu'il revient son père est mort.
Son vœu de chasteté, ce sera une promesse faite à sa mère. A 35 ans, donc, terminé, plus rien. Rideau, ceinture. Du moins officiellement. Parce qu'a partir de ce moment-là, le Mahatma sera en permanence entouré d'une flopée de jeunes femmes nues, dont l'une de ses nièces, qui le massaient à longueur de journée, avec lesquelles il prenait des bains interminables et avec lesquelles il passait la nuit. Gandhi, le petit rachitique, édenté, chauve et moustachu, qui expliquait qu'il testait ainsi sa "résistance" au désir. Le self control, un exercice spirituel. Une épreuve dont le Mahatma, sortait forcément grand vainqueur. Personne n'en a jamais douté.
Comme personne n'a jamais douté non plus de l'amitié qui unit, Gandhi et un jeune architecte juif allemand, Hermann Kallenbach. Une histoire, nouée au début du 20ème Siècle en Afrique du Sud, ou Gandhi travaille comme avocat. Une véritable passion amoureuse selon plusieurs historiens qui ont épluché la correspondance entre les 2 hommes. Dans l'une des lettres écrite par le futur Mahatma : "Tu as pris possession de mon corps, c'est un esclavage insupportable" D'aucun parleront naturellement d'homosexualité, un mot à ne surtout pas prononcer en Inde et encore moins à propos du Père de la Nation. On en restera donc au niveau de la très grande amitié entre Gandhi et Kallenbach.
Gandhi, un homme complexe, mystérieux, pétri de contradictions. Un homme qui parla de liberté et d'amour des autres toute sa vie, mais qui se comportait comme un tyran avec son entourage. Un dictateur dans son ashram de Sabarmati, ou ses disciples devait lui obéir au doigt et à l’œil. Gandhi, farouchement opposé à la médecine moderne, qui préféra laissé mourir sa femme, atteinte d'une pneumonie, plutôt qu'elle soit traitée à la pénicilline. Le même Gandhi, qui plus tard, n'hésita pas à prendre de la quinine pour soigner une malaria. Le Mahatma qui prêchait le dépouillement, mais dont ermitage, l'ashram coûtait une fortune à entretenir. Tout comme sa famille et sa kyrielle d'assistants. Comme avait confié, un jour l'un d'entre eux, il faut beaucoup d'argent pour maintenir Mister Gandhi dans la pauvreté. L’ambivalence d'un homme. L'un des Grands Hommes du 20 ème siècle. Qui comme tous les hommes avait juste quelques petits secrets.