Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
L’ETA, l’organisation indépendantiste basque, a annoncé hier sa dissolution. C’est la fin du mouvement terroriste le plus ancien et le plus meurtrier d’Europe.
C’est une vieille et sanglante histoire, elle a commencé il y a soixante ans, elle a fait plus de 800 morts, des milliers de blessés, et davantage encore de veuves, d’orphelins, de gens traumatisés. Juste de l’autre côté des Pyrénées.
Dans le communiqué publié en ligne, ETA annonce "la dissolution de toutes ses structures et la fin de son activité politique".
On attend maintenant la déclaration solennelle de dissolution unilatérale qui devrait tomber, via la BBC.
Ce ne sont pas des terroristes pressés comme des kamikazes. L’Eta n’en finit pas de finir. Une agonie interminable et le discours assez minable.
Pourquoi ?
Ce ne sont pas 50 enragés en cavale et 300 détenus qui décident de jeter l’éponge, c’est la dissolution de toutes les structures.
De même, l’organisation ne reconnaitra jamais qu’elle est décimée par les polices françaises et espagnoles et désormais incapable de continuer le racket, les passages à tabac, les meurtres de voisins et les attentats plus ou moins aveugles, non : ETA a mis fin à la lutte armée. C’est noble, la lutte armée. Ça intimide : c’est fait pour cela. Les terroristes terrorisent aussi par le verbe. Les terroristes basques ne psalmodient pas de sourates en appuyant sur le détonateur. ils coupent la langue de bois en quatre.
Il y a quinze jours, ils ont demandé pardon à leurs victimes.
Il y a des demandes de pardon qui sont encore une façon de se trouver des excuses, et même d’accuser l’autre, (l’État espagnol), de se victimiser, d’insinuer qu’on a peut-être eu tort mais qu’on avait raison d’avoir tort. Leur préchi-précha renvoie dos à dos victimes et bourreaux. Et comme, Tartuffe a lu Marx, le pathos de l’organisation socialiste révolutionnaire de libération nationale est plus bourratif que n’importe quel gâteau basque.
On lit cela, on se dit que le pire dans la guerre civile, c’est après, quand l’assassin anonyme reprend sa vie ordinaire sur le palier et qu’il faut l’accepter.
Pourtant, une phrase sonne juste. Les Etarras disent que la souffrance au Pays basque a commencé avant ETA et qu’elle continue après.
Ils évoquent Guernica.
Qu’ils n’ont pas connu ! Qui leur sert d’alibi !
Mais la violence basque est bien le reflet de cette violence-là.
Pour les étarras et l’extrême gauche, avec le franquisme, un camp avait gagné mais la guerre civile continuait. Et elle ne s’est pas terminée à la mort de Franco. Ni même le jour où Juan Carlos a liquidé le franquisme en s’opposant aux putchistes qui tenaient les députés en otages…
L’Espagne est devenue une démocratie, avec l’alternance qui a amené les socialistes du pouvoir, puis les a rejetés quand ils ont été bien corrompus, idem ensuite avec la droite. Les furieux basques continuaient la vendetta, comme en 36.
Hier, avec ce communiqué ampoulé, la guerre d’Espagne s’est enfin terminée.