Kim Jong Un s'est rendu vendredi en Corée du Sud, une première historique pour un dirigeant nord coréen.
Il n’y a pas eu d’embrassades, d’accolades, ils ne se sont pas pris par la main, le bras, les épaules. Les frères ennemis coréens sont entrés dans l’histoire, avec retenue. Kim Jong Un s’est aventuré au Sud : ni son père, ni son grand père n’en auraient fait autant. Dans cette dynastie de paranoïaques qui circulent en train blindé, il est le premier à vouloir visiter Séoul sans être à la tête d’une armée conquérante. On l’a oublié, mais la guerre de Corée fut atroce, elle a fait entre deux et quatre millions de morts, excusez du peu. Une guerre sans vainqueur, sans vaincu, avec que des victimes, sans fin et sans gloire, d’autant plus cruelle. Mais le véritable héros de cette rencontre, c'ets Moon Jae-In, le président sud-coréen.
La pugnacité du Sud. Il est né dans un camp de réfugiés. Ses parents ne s’en sont jamais remis. Une partie de sa famille est restée coincée au nord. Et il n’est pas naïf : il était directeur de Cabinet du président, la dernière fois que les dirigeants coréens se sont rencontrés, à Pyongyang. Le nord plaidait pour la détente. En fait, il gagnait du temps et mettait les bouchées doubles pour assembler son mécano nucléaire. Le Sud y a perdu des milliards et ses illusions. Moon Jae-In ne s’est pas découragé. Si cela marche, il signe la paix et entre dans la légende. Si cela échoue, il pourra toujours se consoler avec un prix Nobel.
Rencontre au sommet. Cette réunion, c’est une répétition. Le vrai rendez-vous sera avec Donald Trump. On ne sait pas où, ni quand, fin mai ou début juin. Le président américain a envoyé son chef espion à Pyongyang et il a raconté jeudi au téléphone, en direct à la télé, que tout cela était très très secret et que cela s’était bien passé. La veille, il répétait que Kim Jong Un Il était très ouvert et très honorable. Accessoirement, le plus grand négociateur de tous les temps attend de Rocket man qu’il se débarrasse de ses bombes. C’est tout simple.
La garantie nucléaire. Inimaginable pour Kim Jong Un, puisqu'il s'agit de son assurance vie ! Cela fait vingt ans que le régime s’épuise à construire cet arsenal. Et c’est justement, parce que son fusil est chargé qu’il discute avec ses voisins. La Corée du Nord a déjà annoncé un moratoire sur les essais nucléaires et les tirs de missiles, et même la fermeture du site d’essais nucléaires. Les Chinois ont raconté que l’endroit a été ravagé par un tremblement de terre, mais l'information est invérifiable tant que des experts n’iront pas sur place.
Des négociation sans fin. C’est justement ce type de mesures qu’un Coréen traduit par dénucléarisation. Avec un dictionnaire soviétique, le désarmement est un processus de négociations. Un site est déclaré fermé. Ensuite, on discute d’une visite. Puis d’un contrôle. Et même d’une inspection. Plus ou moins régulière. Si tout va bien, on envisagera un démantèlement. En échange, Kim Jong Un veut la levée des sanctions, des garanties de sécurité, et le départ du contingent américain. Faire la paix en Corée sera comme la guerre, sans fin.