Municipales russes : Des "erreurs administratives" pour empêcher les opposants à Poutine de se présenter à Moscou

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Chaque jour, Didier François traite d’un sujet international.

C’est un drôle de scrutin qui se prépare à Moscou, où le Conseil municipal doit être renouvelé au mois de septembre : les autorités russes ont refusé hier d’enregistrer les candidatures de 27 opposants ou autres personnalités indépendantes qui refusaient de faire allégeance au président Poutine.

Effectivement une décision extrêmement révélatrice du très haut degré de nervosité du Kremlin, qui n’a pourtant aucun risque de perdre ce scrutin. Et moins encore la mairie de Moscou, puisque ce Conseil municipal, renouvelé tous les cinq ans, n’est dans les faits qu’une chambre d’enregistrement des décisions du maire Sergueï Sobianine, qui est lui-même un affidé particulièrement loyal à Vladimir Poutine. Donc de ce côté-là, risque zéro.

Néanmoins, il semble totalement intolérable pour le pouvoir qu’un opposant, ou qu’un simple candidat indépendant, puisse conquérir une tribune officielle et légitime qui lui permettrait de donner de la voix au-delà des manifestations de dissidence, qui se multiplient en Russie et qui sont d’ailleurs systématiquement réprimées. Car après presque 20 ans de règne sans partage Vladimir Poutine doit faire face à une érosion naturelle de sa popularité, aggravée par la stagnation économique de ces dernières années.

Or c’est à Moscou, comme Saint Petersbourg, qu’est concentrée l’intelligentsia du pays, par nature moins docile et où le parti présidentiel "Russie Unie" a toujours fait ses scores les plus faibles. Au point d’ailleurs de ne pas présenter de liste sous sa propre bannière dans les 45 circonscriptions de la capitale, mais simplement des personnalités connues un chanteur de hard-rock, un footballeur, ou un acteur, tous adoubés par la mairie.

En revanche c’est véritable parcours du combattant pour les candidats d’opposition.

Voilà, il fallait d’abord obtenir le parrainage de 3% des électeurs de la circonscription dans laquelle ils voulaient se présenter. Alors autant vous dire qu’en Russie signer pour un opposant c’est quand même un exercice de haute voltige, qui a permis un premier écrémage. Et puis il leur fallait passer par le filtre de la validation de chacune des signatures par une commission nommée par la mairie de Moscou et siégeant à huis clos. Et là vous avez vu les résultats : les opposants qui avaient passé le précédent obstacle et qui avaient le plus de chance d’être élus ont tout simplement été écartés.

C’est le cas d’Ilia Iachine, figure emblématique de l’opposition russe que les sondages donnaient gagnant haut la main dans son secteur, avec six fois plus d’intentions de vote que le candidat du pouvoir. Comme par hasard sur les documents administratifs nécessaires au recueil des signatures et fournis par l’imprimerie municipale, deux des chiffres de ses coordonnées bancaires avaient été inversés. Une "erreur" relevée par la commission de validation pour recaler sa candidature le plus légalement du monde. Ila Iachine a bien évidemment organisé des manifestations pour protester contre ce qu’il dénonce comme un coup monté, et pour réclamer "des élections honnêtes". Il a rassemblé 2.000 personnes, dont une quarantaine ont été arrêtées.

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