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Chaque jour, Didier François traite d’un sujet international. 

Ce sont les Iraniens qui ont vendu la mèche. Le président Macron a dépêché de toute urgence hier à Téhéran son conseiller diplomatique, Emmanuel Bonne, pour tenter de calmer la crise dans la région, voire de renouer le dialogue entre les Etats-Unis et le régime des mollahs. Est-ce que cette mission de bons offices a la moindre chance de succès ?

Alors à l’Elysée ont reste modeste et prudent à l’issue de ce voyage …Qui était au départ prévu pour rester assez discret et qui n’a jamais été conçu comme une médiation au sens classique du terme. Mais dont le but était plutôt d’explorer les voies qui pourraient amener à une désescalade dans cette crise.

Sachant que la situation est à ce stade extraordinairement tendue. On est passé à deux doigts de l’affrontement militaire il y a tout juste trois semaines. Et les incidents se multiplient et pourraient mettre le feu au poudre à tout moment. Hier encore, un superpétrolier britannique a été serré de près par trois navires de guerre iraniens dans le détroit d’Ormuz.

Tout cela alors que Téhéran a relancé l’enrichissement de ses stocks d’uranium en contradiction avec ses engagements pris dans l’accord de Vienne sur le nucléaire qui lui fixe des seuils très clairs et en contrevenant à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

Dans ce contexte extrêmement volatile, particulièrement dangereux, le président Macron a estimé que le pire serait de ne rien faire. Et c’est la raison pour laquelle sans méconnaître en aucun cas la très grande difficulté de la tâche, il a décidé de tenter une relance du dialogue, de chercher un espace pour une solution diplomatique.

Et comment ont réagi les Etats-Unis et l’Iran ?

Alors les Etats-Unis ont bien entendu été tenus au courant à chaque étape de cette démarche qu’Emmanuel Macron avait présentée à Donald Trump dès le mois de juin dernier à Caen à l’occasion des cérémonies du Débarquement. Car le président américain s’est toujours déclaré favorable à une relance des négociations sur trois questions : la sécurité régionale, la limitation des missiles balistique et l’avenir de l’accord sur le nucléaire au-delà de sa date d’expiration en 2025, sans pour autant renoncer le moins du monde à sa stratégie de pression maximale sur l’Iran.

Les Iraniens se sont également montrés plutôt intéressés par la démarche française et le niveau des personnalités rencontrées par Emmanuel Bonne le prouve puisqu’il a pu parler avec le président Rohani, avec son ministre des Affaires étrangères mais aussi avec le contre-amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale qui représente les militaires.

Téhéran reste toutefois dans une posture de résistance maximum à la pression américaine en attendant au moins une levée partielle de l’embargo sur leurs exportations de pétrole pour envisager de revenir dans les clous des traités internationaux. Ces deux éléments seraient deux signaux forts de bonne volonté.

Quels pourraient être les délais pour la mise en place d’une telle désescalade ?

A ce stade, personne n’est capable de le dire, mais si des signaux favorables venaient des deux parties dans la semaine à venir, il ne serait dès lors pas inenvisageable de travailler à un plan un peu plus articulé d’ici à la prochaine réunion du G8 qui doit se tenir à Biarritz à la fin août et où seront présents tous les pays membres du Conseil de sécurité.