A la peine dans les sondages, Les Républicains ont lancé leur campagne européenne samedi avec un premier grand meeting près de Paris, fustigeant le bilan du président Emmanuel Macron dans l'espoir de récupérer leurs électeurs "égarés". L'abordage ou le naufrage. Aux Docks de Paris, la droite et sa tête de liste, François-Xavier Bellamy, ont fixé le cap pour tenter de mettre à flots une candidature encalminée autour de 7% à 8% des intentions de vote. Dangereusement près des 5%, synonyme de disparition au Parlement européen.
L'heure était donc au rappel des troupes, devant quelque 3.000 militants rassemblés à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). "Électeurs de droite qui avez cru au macronisme, c'est le moment d'ouvrir les yeux sur ce qu'ils font de votre voix", a déclaré François-Xavier Bellamy, affirmant qu'à Bruxelles "la délégation macroniste a voté à 90% comme les socialistes". "Revenez!", avait exhorté avant lui le président du parti Eric Ciotti, dans "un appel à ceux qui, à droite, depuis 2017, se sont éloignés" des Républicains. "Le 9 juin, n'égarez pas de nouveau votre vote", a-t-il ajouté, désignant l'adversaire : Emmanuel Macron, "l'homme qui valait mille milliards d'euros de dette" et ses "déclarations va-t-en-guerre sur l'Ukraine".
Pris en étau
Le chef de l'Etat et son camp "ne savent faire la guerre qu'avec des mots et des photos", a ensuite raillé le général Christophe Gomart, numéro 3 de la liste, acclamé lorsqu'il a affirmé que "la parenthèse du 'en même temps' se refermera bientôt" et que "la France aura besoin de la droite pour se redresser". Car "lorsque ses deux quinquennats seront terminés, que restera-t-il ? Des mots, des palabres (...) mais rien pour la France, rien pour l'avenir de nos enfants", a ajouté l'agricultrice Céline Imart, en deuxième position.
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Pour soutenir ses candidats, l'état-major des Républicains était presque au complet, notamment les présidents de régions (et potentiels candidats à la présidentielle de 2027) Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand, ainsi que le président du Sénat Gérard Larcher. Les eurodéputés sortants étaient eux aussi présents, en particulier les ex-ministres sarkozystes Nadine Morano et Brice Hortefeux, qui espèrent bien être reconduits, de préférence en position éligible.
Tous les soutiens sont bons à prendre pour LR pris en étau entre le camp macroniste emmené par Valérie Hayer, qui plafonne aux environs de 18% et le Rassemblement national de Jordan Bardella, qui caracole autour des 30%. Eric Ciotti a ainsi fait applaudir ses "amis du Nouveau centre" d'Hervé Morin, qu'il a souhaité compter à ses côtés quand d'autres "s'égarent avec la Macronie".
Vent en poupe
Une pique aux centristes de l'UDI, alliés à LR au Sénat, mais qui ont entériné samedi leur ralliement à la majorité présidentielle pour le scrutin du 9 juin. Leur chef de file Hervé Marseille a dénoncé à cette occasion la "dérive" droitière des Républicains et jugé "indispensable de (se) rapprocher des formations politiques pour lesquelles l'idéal européen demeure une boussole". Ce renfort ne sera sans doute pas décisif mais il est bienvenu pour Valérie Hayer, sur le pont depuis seulement trois semaines et toujours sans équipage, le reste de sa liste "Besoin d'Europe" ne devant pas être dévoilé avant avril.
En attendant, la candidate, en mal de notoriété, tenait meeting vendredi soir à Bayonne, où elle a mis en garde contre le "risque majeur" de "blocage des institutions européennes" par l'extrême droite. Samedi, le Premier ministre Gabriel Attal l'a accompagné dans une opération porte-à-porte dans les Hauts-de-Seine, preuve que l'exécutif entend s'impliquer au maximum pour tenter de refaire son retard sur le RN et garder son avance sur les autres concurrents.
Car à bâbord, un autre candidat a le vent en poupe. Crédité de scores à deux chiffres, jusqu'à 13% dans certains sondages, Raphaël Glucksmann peut aborder avec confiance son meeting de dimanche au Phare de Tournefeuille (Haute-Garonne) en banlieue toulousaine. Une terre de gauche où l'entourage de la tête de liste PS-Place publique espère transformer l'essai et venir perturber le match Bardella-Hayer, tout en creusant l'écart avec les rivaux écologistes et insoumis. Mais "pas question de la jouer hégémonique", ajoute-t-on chez les socialistes qui n'ont obtenu que 6,19% des suffrages il y a cinq ans.