2018, la Coupe du monde la mieux organisée "de tous les temps" ?

À l'image des supporters uruguayens devant le stade de Nizhny Novgorod (photo), les fans de football du monde entier se sont rassemblés en Russie sans heurts depuis un mois.
À l'image des supporters uruguayens devant le stade de Nizhny Novgorod (photo), les fans de football du monde entier se sont rassemblés en Russie sans heurts depuis un mois. © AFP
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avec AFP
Organisation, sécurité et mêmes performances sportives russes : au moment de dresser le bilan de la compétition,  le président de la Fifa a évoqué "la meilleure Coupe du monde de tous les temps".

 

Plusieurs pays envisageaient un boycott. Les députés britanniques regrettaient publiquement que la Coupe du monde se déroule "dans un pays ayant de piètres antécédents en matière de droits de l'Homme". Dans des reportages vidéos de la BBC, des hooligans au visage masqué promettaient un "festival de la violence"... Mais alors qu'approche la fin de la Coupe du monde, à deux jours de la finale entre la France et la Croatie, les craintes associées à l'organisation russe semblent bien loin. Débordements (très) marginaux, supporters ravis et Russie conquise par le football… Le sans faute de Moscou a fait dire vendredi au président de la Fifa, Gianni Infantino, que l'édition 2018 était "la meilleure de tous les temps". Europe 1 fait le point.

Côté sécurité

La principale crainte résidait dans la menace hooligan, alimentée par les images des escadrons de supporters russes attaquant les fans anglais lors de l'Euro 2016 à Marseille. Pour pallier tout débordement en Russie, les redoutés services de sécurité (FSB) ont annoncé la couleur plusieurs mois avant le début de la compétition, en arrêtant plusieurs hooligans. D'autres, soumis à des interrogatoires lors de perquisitions nocturnes, ont été sommés de choisir : disparaître le temps du Mondial, ou risquer des années de prison au premier faux pas.

Pour les étrangers un système de "Fan ID", sorte de passeport de supporters, nécessaire pour entrer dans les stades, a été mis en place. Délivré à l'issue de vérifications, il a permis d'écarter, par exemple, les personnes ayant déjà fait l'objet d'une interdiction de stade dans leur pays. Résultat : faute de hooligan, les télévisions internationales ont jusqu'à présent essentiellement filmé des images de fête bon enfant au pied du Kremlin, animée par des supporters venus d'Amérique Latine.

 

Quelques incidents ont bien eu lieu, comme quand des supporters argentins s'en sont violemment pris à un Croate dans l'enceinte du stade de Nijni Novgorod. Mais ils ont été rapidement identifiés et expulsés de Russie tandis que l'Argentine a été condamnée à payer une amende. Autre fait notable : trois supporters anglais ont été expulsés pour avoir entonné un chant antisémite dans un pub de Volgograd.

Côté organisation

Consignes d'accueil dans chaque ville, police bilingue et accessible, transports gratuits… La Russie avait anticipé l'accueil des touristes dans les moindres détails. Le bilan est positif : "tous les supporters étrangers qui ont fait le déplacement en Russie se disent ravis de l'accueil qui leur est réservé", souligne le chercheur Pascal Boniface sur le site de l'Iris. "Et avec des stades qui sont magnifiques, la Russie donne l'image d'un pays qui fonctionne, d'un pays moderne, qui est à l'heure de ce rendez-vous."

La politique intérieure russe aurait pourtant pu s'inviter dans les festivités : le jour de l'ouverture de la Coupe du monde, Vladimir Poutine a annoncé une réforme du régime des retraites, augmentant le temps de travail de huit ans pour les femmes et cinq ans pour les hommes. Une pétition demandant l'abandon de la mesure a rassemblé 2,6 millions de signatures et plusieurs milliers de Russes ont manifesté dans les rues… Mais ces actions ont épargné les villes hôtes du Mondial, où s'appliquent des restrictions de circulation le temps de la compétition. Elles n'ont en outre pas été filmées par la télévision publique russe.

"Énormément de stéréotypes sur la Russie ont volé en éclat" grâce au Mondial, a pour sa part estimé le président russe Vladimir Poutine lors d'une rencontre avec les dirigeants de la Fifa et d'anciens footballeurs, début juillet. "Nous sommes tous tombés amoureux de la Russie", a renchéri Gianni Infantino.

Le bonus : côté sportif

Et les Russes ont pu participer à la fête : à la surprise générale, la sélection nationale est parvenue à se qualifier pour les quarts de finale  en battant l'Espagne. Un exploit plus atteint depuis 1970, sous le maillot de l'URSS. La preuve que la nation est devenue un "véritable pays de football", comme le pense Gianni Infantino ? Peut-être, mais sans conséquences positives pour Vladimir Poutine au sein de son propre pays. Interrogés sur les hommes politiques auxquels ils font confiance, moins de la moitié des Russes (48%) citait Vladimir Poutine, une chute de 12 points en un mois et du jamais vu depuis l'annexion de la Crimée en 2014, selon une étude publiée mardi par l'institut indépendant Levada.