Mission accomplie pour les Bleus. L’équipe de France s’est qualifiée pour les huitièmes de finale grâce à sa victoire contre le Pérou (1-0), jeudi lors du deuxième match de poule de la Coupe du monde. Moins d’une semaine après l’indigente prestation contre l’Australie (succès 2-1), les hommes de Didier Deschamps ont enfin offert ce qu’on attendait d’eux : du cœur, de l’intensité dans les duels et des occasions. Comme un symbole, les Tricolores ont assuré leur place au prochain tour sur un but de Kylian Mbappé (34e), devenu à 19 ans le plus jeune Bleu à marquer en tournoi majeur, après une frappe déviée d’Olivier Giroud, immense pour son retour dans le onze de départ.
Tout n’a pourtant pas été parfait, dans l’ambiance "péruvienne" du stade d’Ekaterinbourg. Les hommes de Didier Deschamps, dominateurs et convaincants en première période, ont pourtant souffert en deuxième. Les vagues péruviennes ont déferlé, mais la défense française a résisté. Les Bleus disputeront la première place du groupe C contre le Danemark, mardi prochain. Le Pérou, admirable de courage et porté par ses formidables supporters, est éliminée.
Une première période pour se rassurer… La soupe servie par les Bleus avait été indigeste contre l’Australie, celle proposée contre le Pérou a été bien plus savoureuse. Durant 45 minutes, les joueurs français ont réuni tous les ingrédients qui manquaient lors de leur entrée en lice : un pressing intense, de la présence dans les duels, et une animation offensive performante.
Entre la 10e et la 16e minute, l’équipe de France s’est ainsi procurée pas moins de quatre occasions franches, sur des frappes de Griezmann (11e et 16e), une autre de Pogba (12e) et une tête sur corner de Varane (14e). Et à force de pousser, les Bleus ont trouvé la faille par Kylian Mbappé (34e). Ce n’était que justice.
… une deuxième pour souffrir. Le retour des vestiaires a été bien plus difficile. Le Pérou, qui n’avait plus le choix, a jeté toutes ses forces dans la bataille pour éviter l’élimination. La "Blanquirroja" est même passée tout près de l’égalisation sur un énorme tir d’Aquino, sur l’équerre des buts gardés par Lloris (50e). Advincula, d’une frappe puissante au-dessus (68e), et Farfan, d’une reprise acrobatique dans le petit filet (74e), ont également donné des sueurs froides au gardien de Tottenham.
Mais le courage et la volonté des Péruviens n’ont pas suffi à prendre à défaut les Bleus, agressifs et appliqués défensivement. L’équipe de France, sans être géniale en seconde période, a prouvé qu’elle savait souffrir. Ça tombe bien, ce ne sera pas la dernière fois dans cette Coupe du monde.
Giroud, Pogba, le 4-2-3-1 : les choix payants de Deschamps. Si les Bleus se sont remis à l’endroit, ils le doivent autant à leur prestation qu’aux choix payants de Didier Deschamps. Olivier Giroud en a été le plus éclatant symbole. L’avant-centre, remplaçant contre l’Australie, a pleinement justifié sa titularisation avec un match plein et une présence impressionnante dans les airs. Surtout, l’attaquant de Chelsea a encore été décisif, sa frappe contrée étant à l’origine du but de Mbappé.
Didier Deschamps peut également se satisfaire de son choix de changer de système de jeu. Le 4-2-3-1 aligné jeudi a effectivement été bien plus convaincant que le 4-3-3 entrevu contre l’Australie. Paul Pogba, immense en première période, a formé un impressionnant duo au milieu de terrain avec Ngolo Kanté. Seules ombres au tableau : le nouveau match décevant d’Antoine Griezmann et l’apport offensif limité de Blaise Matuidi, titularisé à un inhabituel (et ça s’est vu…) poste de milieu gauche.
Un but et un nouveau record pour Kylian Mbappé. Le milieu droit des Bleus n’a, lui, pas déçu. Kylian Mbappé, buteur à la 34e, a une nouvelle fois justifié son statut de titulaire indiscutable. L'attaquant du PSG est devenu, à 19 ans et 6 mois, le plus jeune joueur de l'histoire de l'équipe de France à marquer lors d'un tournoi majeur (Coupe du monde et Euro confondus). Un but de "renard des surfaces", en poussant au fond des filets une frappe d'Olivier Giroud détournée par un défenseur péruvien. Cerise sur le gâteau : il devient également le premier joueur né après 1998, année du sacre des Bleus, à marquer en Coupe du monde. Un vrai phénomène.
Et pourtant, en tribunes, il n’y a pas eu match. Si les Bleus ont gagné sur le terrain, ils n’ont pas lutté en tribunes. Le match a eu lieu à Ekaterinbourg, oui, mais on se serait vraiment cru à Lima. Dans les gradins, il n’y avait que du rouge et blanc, et une marée de milliers de supporters péruviens en transe. Perdus au milieu de cette formidable ambiance "Blanquirroja", les 2.000 fans français ont bien eu du mal à se faire entendre. Jeudi, c’était vraiment le Pérou.