Si un entraîneur semble hermétique à toute pression extérieure, c’est bien Didier Deschamps. Depuis son arrivée à la tête de l’équipe de France, le sélectionneur a toujours balayé les polémiques et les "on-dit" pour concocter ses listes, sans le moindre état d’âme. Jeudi soir, "DD" devrait en faire une nouvelle fois la démonstration, à l’occasion de l’annonce des 23 Bleus convoqués pour le Mondial en Russie. Car que ce soit lors de la dernière Coupe du monde, en 2014, lors de l’Euro 2016, ou lors des dernières rencontres, Didier Deschamps a toujours respecté sa vision du "groupe France".
La prime à la logique de groupe. A chaque conférence de presse, ou presque, "DD" met en avant l’équilibre du "groupe". Sous-entendu : il ne convoquera pas un joueur qui mettra en danger l’équipe par son comportement. "Le staff, en interne, on a des infos qu'on ne peut pas avoir à l'extérieur, et qui amènent à certaines décisions. Non pas qu'on veuille cacher, mais parce qu'on a un vécu, que ça soit par rapport à ce qui s'est passé sur le terrain, dans la vie de groupe aussi", a-t-il réaffirmé samedi dernier, dans une vidéo diffusée sur le site de la Fédération française (FFF).
En 2014, Samir Nasri avait payé son comportement lors du barrage contre l’Ukraine et n’avait pas fait le voyage au Brésil. Karim Benzema, plus sélectionné depuis le début de l’affaire de la sex-tape, n’a lui pas plus de chance d’aller en Russie. Deschamps, régulièrement interrogé sur l’attaquant du Real Madrid, n’a jamais dévié dans ses explications, évoquant un choix pour "le bien de l’équipe de France".
Pas de grande surprise à attendre. Avec Didier Deschamps, il n’y a (quasiment) jamais de surprise. On a donc pratiquement aucune chance d’assister à la convocation d’un "OVNI" du type Pascal Chimbonda, le latéral droit sélectionné pour la Coupe du Monde 2006 par Raymond Domenech, à la surprise générale. Les novices semblent, dans l’esprit de Didier Deschamps, exclus d’office. DD devrait ainsi sélectionner des joueurs ayant déjà fréquenté le groupe France.
"Il y a 16-18 noms qu’on connaît déjà. Ce sont ceux qui restent qui posent problème. On va discuter les choix sur le 21e, le 22e et le 23e. Mais ce seront les joueurs dont on ne parlera plus une fois que la compétition aura commencé", nuance notre consultant Raymond Domenech.
La forme du moment ne paye pas toujours. Ces ultimes arbitrages concernent notamment le poste d’attaquant. Didier Deschamps doit-il, par exemple, convoquer Florian Thauvin et Dimitri Payet, en grande forme avec l’OM ? "Je ne vous cache pas que j'ai des choix à faire sur des joueurs qui ont beaucoup de qualités, qui ont fait de très très bonnes saisons, qui ont des stats en club qui peuvent être très très bonnes. Je ne pourrai pas tous les prendre, parce que je n'ai que 23 postes", a prévenu "DD".
En 2014, le sélectionneur s’était ainsi passé des services de Kevin Gameiro, pourtant excellent avec le FC Séville, au détriment de Loïc Rémy, davantage habitué aux Bleus. En 2016, il n’avait pas non plus donné de prime à la forme du moment à Hatem Ben Arfa, qui sortait de la meilleure saison de sa carrière à Nice. Mauvais signe pour Thauvin et Payet ? Peut-être. Payet a en tout cas à son crédit une solide expérience internationale (37 matches, 8 buts) et un excellent Euro 2016, sous les ordres de… Deschamps.
Une liste très semblable à la dernière. Au final, la liste des 23 devrait grandement ressembler à celle du mois de mars, lors des deux derniers matches des Bleus (amicaux contre la Colombie et la Russie). "La grande majorité, s’ils sont en bonne santé, seront là dans la prochaine liste aussi (celle pour le Mondial)", avait assuré le sélectionneur. Une liste dans laquelle figurait Benjamin Pavard et Djibril Sidibé (latéraux), ou encore Florian Thauvin et Anthony Martial, mais pas Dimitri Payet (attaque). On ne serait donc pas surpris… de ne pas être surpris.