Des 32 équipes en lice au départ, elles ne sont plus que huit à pouvoir encore prétendre remporter la Coupe du monde le 15 juillet. Parmi elles, la France bien sûr, qualifiée grâce à sa victoire contre l'Argentine en huitièmes de finale (4-3). Après un début de compétition poussif, les hommes de Didier Deschamps ont rassuré avec un succès spectaculaire. De quoi aborder la suite avec un petit supplément de confiance et, pourquoi pas, rêver de soulever la Coupe pour la deuxième fois. Pour cela, il faut d'abord passer l'obstacle uruguayen en quarts. Et derrière, la Brésil et la Belgique peuvent également prétendre à la victoire finale. Mais en s'imposant, avec la manière, contre l'Argentine, les Bleus ont fait passer un message : il faudra compter sur eux. Alors, la France est-elle favorite ? Europe1.fr ouvre le débat.
- OUI : "Le potentiel offensif des Bleus n’a pas d’égal dans cette Coupe du monde"
Par Clément Lesaffre, journaliste à Europe1.fr
"On l’a vu avec l’élimination de l’Allemagne, de l’Espagne, du Portugal : cette Coupe du monde est très ouverte. Les "petites nations" jouent crânement leurs chances et les supposés favoris ne sont pas tous au rendez-vous. Et aucune équipe n’a impressionné sur l’ensemble de ses quatre matches. A ce petit jeu, la France peut très bien endosser le costume du favori. Déjà, cela peut paraître évident mais elle n’a perdu aucun match. A chaque fois qu’il a fallu gagner, les Français ont répondu présent.
Évidemment, tout n’a pas été parfait pour les Bleus, loin de là. Les errements défensifs sur les premier et troisième buts de l’Argentine prouvent que cette équipe est encore perfectible. Mais en gagnant après avoir été menée au score en huitièmes, elle a démontré qu’elle avait du mental, une qualité qu’on ne lui connaissait pas forcément. Le festival de buts contre l’Argentine confirme aussi que, quand il parvient à s’exprimer, le potentiel offensif des Bleus n’a pas d’égal dans ce Mondial. Avec Griezmann qui monte en puissance, Mbappé en pleine confiance et Giroud pour faire le sale boulot, le danger vient de partout. Nous aurons toujours des occasions de but franches dans le(s) matches à venir.
La France a également un avantage physique. Nous nous sommes qualifiés pour les huitièmes en deux matches et avons pu nous économiser contre le Danemark. Tout le monde n’a pas eu ce luxe. En huitièmes, l’Angleterre, la Croatie et la Russie ont dû passer par les tirs au but pour se qualifier et à chaque fois, la prolongation était une souffrance physique pour tous les joueurs. Même les Belges, qui se sont épargnés cette épreuve à la dernière minute, ont montré des signes d’épuisement assez nets. A l’inverse, les Bleus n’ont pas encore montré de signe de fatigue. Mieux : ils semblent encore plus en forme à chaque match."
- NON : "La France n'a pas encore le vécu du Brésil de Neymar"
Par Nicolas Rouyer, journaliste à Europe1.fr
"Ah, cette spécificité française de s'enflammer un peu vite… L'équipe de France a éliminé l'Argentine en huitièmes de finale et la voilà favorite, dans l'esprit de certains, pour le titre mondial. Certes, le match face à l'Albiceleste a été mémorable, avec tout le jeu et l'émotion qu'il faut, mais les Bleus ont vaincu une équipe aux abois, et martyrisé une colonne défensive composée du vieillissant Javier Mascherano au milieu et d'une charnière centrale Nicolas Otamendi-Marcos Rojo d'une lourdeur sans nom. Face au bloc uruguayen et à sa culture défensive, la France sera soumise à un test autrement plus sérieux.
Par ailleurs, la beauté et l'émotion suscitée par le match face à l'Argentine ne doivent pas faire oublier que la France n'a pas tout maîtrisé durant cette rencontre, concédant notamment trois buts en moins d'une heure de jeu. Plus globalement, depuis le début de la compétition, les Bleus n'ont pas montré suffisamment pour considérer qu'ils sont totalement maîtres de leur destin. Certes, le talent et les joueurs sont là, mais les hésitations tactiques de Didier Deschamps, entre les systèmes en 4-3-3 et en 4-2-3-1, qui durent depuis plusieurs mois, prouvent que cette équipe reste sans doute perfectible.
À l'inverse, d'autres grandes nations semblent aborder les quarts avec davantage de certitude. Comme les Bleus, la Belgique a été menée avant de se qualifier aux dépens du Japon, une équipe pas moins valeureuse que l'Argentine. Mais c'est surtout face au Brésil de Neymar que les Bleus peuvent souffrir de la comparaison. La France n'a pas encore le vécu de ce Brésil-là, qui, après un premier tour de chauffe, a semblé monter en puissance lors de son huitième de finale contre le Mexique (2-0). La Seleção est d'ailleurs la seule équipe à l'avoir emporté par deux buts d'écart en huitièmes. Sans doute pas un hasard pour une sélection qui évolue avec la fluidité et l'évidence d'une équipe de club. Ce n'est pas encore le cas de la France."