Hugo Lloris est entré un peu plus dans l'histoire des Bleus. A 31 ans, le gardien et capitaine de l'équipe de France a fêté sa centième sélection, jeudi contre le Pérou (1-0), match comptant pour la deuxième journée du groupe C. Avait-il ce cap symbolique en tête le 19 novembre 2008 quand il a fait ses premiers pas en Bleus contre l'Uruguay, au Stade de France ? Lui seul le sait. "C'est une grande fierté personnelle, mais ça reste secondaire parce qu'on est en pleine Coupe du monde", a souligné le dernier rempart des Bleus. "La meilleure manière de profiter de ça, c'est de continuer à gagner pour la dynamique de l'équipe", a insisté Hugo Lloris.
Centenaire précoce. Le portier des Bleus entre dans le club très fermé des "centenaires" de l'équipe de France. Ils ne sont que six avant lui à avoir franchi la barre des 100 sélections :
- Lilian Thuram (143)
- Thierry Henry (123)
- Marcel Desailly (116)
- Zinédine Zidane (108)
- Patrick Viera (106)
- Didier Deschamps (103).
Parmi eux, seuls Henry et Vieira ont atteint ce cap plus tôt que Hugo Lloris (ils avaient 30 ans et quelque, contre 31 ans, cinq mois et 25 jours pour lui). Chez les gardiens, Hugo Lloris devance depuis le printemps 2017 Fabien Barthez, le divin chauve s'étant arrêté à 87 capes.
Le centenaire d'Hugo Lloris est surtout un éloge de la régularité et de la persévérance. Tout n'a pas toujours été rose pour le portier français. Régulièrement critiqué pour son manque de charisme, l'ex-gardien de Nice et de l'OL l'est également pour son niveau de jeu depuis quelques temps. Sa relance plus qu'approximative qui avait offert la victoire à la Suède en qualifications pour le Mondial (2-1 le 9 juin 2017) et aurait pu coûter cher aux Bleus, est encore dans toutes les mémoires.
Les pénaltys, une faiblesse récurrente. Dernièrement, il n'a pas toujours été très rassurant, notamment lors du match de préparation contre les États-Unis (1-1 le 9 juin), au cours duquel il avait encaissé un but évitable en fermant mal son angle. Autre critique récurrente : les pénaltys. S'il est le seul gardien depuis 1972 à en avoir arrêté deux (hors séance de tirs au but) en équipe de France, Hugo Lloris est aussi celui qui a perdu le plus de face-à-face, avec un ratio de deux sur quinze (contre un sur neuf pour Barthez).
" Atteindre cette barre de cent sélections, ça représente une longévité au très haut niveau "
Mais tout cela vaut bien peu de choses sur l'ensemble de la carrière internationale de Lloris. Dans les buts, le portier a vécu toutes les grandes aventures récentes des Bleus, de la qualification houleuse en barrage pour la Coupe du monde 2010 contre l'Irlande à l'Euro 2016. En France, il avait grandement contribué à emmener ses coéquipiers en finale avec de nombreux arrêts décisifs, notamment lors de la demi-finale contre l'Allemagne. "C'est difficile de rester dans la durée. J'en suis très fier. J'essaye toujours de donner le meilleur de moi-même sur le terrain et en dehors, pour accompagner la jeune génération et faire preuve de leadership", a déclaré Hugo Lloris.
Capitaine indéboulonnable et décisif. Moins impérial ces dernières saisons avec Tottenham, Hugo Lloris a toujours conservé sa place dans les cages des Bleus, profitant d'une concurrence limitée (seul Steve Mandanda est capable de le suppléer au plus haut niveau) et de la confiance inébranlable de Didier Deschamps. Promu capitaine de l'équipe de France par Laurent Blanc après le fiasco de la Coupe du monde 2010, le Niçois a été conforté dans ce rôle par l'actuel sélectionneur. Une constance qui lui permet de détenir le record de capitanat en sélection (75 avant France-Pérou), loin devant… Didier Deschamps (54).
Malgré les critiques récentes, Hugo Lloris a d'ailleurs fait honneur à la confiance du sélectionneur dès le match d'ouverture contre l'Australie. S'il ne peut rien sur le pénalty de Jedinak, c'est bien lui qui a empêché les "Socceroos" d'ouvrir le score en claquant un splendide arrêt réflexe pour sortir une tête vicieuse déviée par Corentin Tolisso. Face à des Péruviens très entreprenants et surtout dans l'obligation de gagner, le portier des Bleus a encore eu l'occasion de se mettre en évidence et de sauver ses partenaires.
Encore plus haut ? Mais Hugo Lloris n'a sans doute pas fini d'affoler les statistiques. "Atteindre cette barre de cent sélections, c'est symbolique, ça représente une longévité au très haut niveau. Il y a quelques années qu'il est là et il est censé augmenter encore ce compteur", a salué Didier Deschamps. Hugo Lloris peut d'ailleurs envisager d'égaler, voire de dépasser les 103 sélections de son sélectionneur lors de la Coupe du monde. Il faudrait pour cela que les Bleus aillent au moins en quart, voire en demi-finale. C'est tout le mal qu'on leur souhaite.
Parmi les grands de ce monde
Hugo Lloris fait d'ores et déjà partie des plus grands gardiens de l'histoire de l'équipe de France mais où se situe-t-il sur la scène internationale ? Le dernier rempart des Bleus est encore très loin du trio de tête des portiers, composé, dans l'ordre, du recordman Saoudien Mohamed Al-Deayea (178 de 1993 à 2006), de la légende italienne Gianluigi Buffon (176 de 1997 à 2018) et de l'Espagnol Iker Casillas (167 de 2000 à 2016). Hugo Lloris est également à quelques encablures d'autres gardiens à la longévité remarquable comme Edwin van der Sar (130 capes avec les Pays-Bas), Peter Shilton (125 avec l'Angleterre) et Petr Čech (124 avec la République Tchèque). Mais à 31 ans, le gardien des Bleus a de bonnes chances de les dépasser dans les années à venir. En attendant, il peut déjà se féliciter d'avoir fait mieux que deux Allemands, les fantasques Oliver Kahn (86) et Manuel Neuer (77 à 32 ans).