"Encore !", "un bonheur éternel", "le jour de gloire est arrivé", "la tête dans les étoiles" : la presse encense lundi les Bleus qui "rassemblent" et invite les Français à imiter ces héros qui ont remporté leur deuxième titre mondial en battant la Croatie.
Vingt ans et une éternité. Le défi était grand pour L'Équipe, chargé de donner une suite à sa une iconique de 1998, titrée "Pour l'éternité". Le quotidien sportif a choisi de filer la métaphore temporelle avec une une dorée, barrée d'un nouveau slogan pour une génération : "Un bonheur éternel". Dans le journal, Vincent Duluc, déjà à la plume en 1998, se charge de mettre des mots sur cette joie immense. "Il passe rarement autant de bonheur en trois mots. Champions du monde. Ces mots racontent une histoire française au long cours, la quête d'une vie et la conquête de Russie par des mômes, la magie d'un bonheur collectif et des tours d'honneur éternels. Ces mots sont un trait d'union, à vingt années de distance, entre 1998 et 2018, deux dates qui permettent à la France de s'asseoir à la table des grandes nations de l'histoire du football", écrit le journaliste.
Deux étoiles
— ⭐ L'ÉQUIPE ⭐ (@lequipe) 15 juillet 2018
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Le Parisien s'attarde de son côté sur Kylian Mbappé, le gamin de Bondy qui a illuminé la Coupe du monde. "Tout un symbole pour cette sélection tricolore quasi juvénile qui a su malgré tout faire la démonstration de sa maturité match après match", écrit Stéphane Albouy. Et le quotidien de rappeler que les Bleus se sont offerts "une deuxième étoile pour la vie". Le Journal du Dimanche n'a pas voulu rater l'événement et a publié dimanche soir un cahier spécial pour revenir sur ce match de légende.
Une "équipe qui nous ressemble et nous rassemble". Le reste de la presse française est au diapason. "Hier soir, aujourd'hui et demain (espérons-le) on pourra être fiers d'être Français, à travers cette équipe qui nous ressemble et nous rassemble", exulte Daniel Muraz dans le Courrier Picard. Pour Sébastien Georges de L'Est Républicain, "le succès des Bleus, c'est leur capacité de mettre en communion une population que les terribles épreuves de ces dernières années avaient contribué à souder".
Dans Libération, Laurent Joffrin rend hommage à Didier Deschamps, "grand politique du football et grand politique tout court", qui "a organisé, conduit, mis en scène cette fête de la Fédération, ce 14-Juillet du lendemain et son feu d'artifice bleu et tricolore". "Le Conseil constitutionnel vient de faire entrer le troisième volet du triptyque national, la fraternité, dans le droit positif. Les Bleus ont compris le message. Le foot est républicain. Bonne nouvelle", jubile aussi l'éditorialiste.
Les lendemains qui chantent. "La victoire des Bleus, fêtée si amplement, traduit le besoin de se retrouver, de vivre l'événement tous ensemble, et donc de sortir des enfermements des communautarismes pour se retrouver entre Français, égaux et fiers de l'être", espère Robert Philippine dans La Presse de la Manche. Les vainqueurs de la Croatie "viennent de vieilles lignées ancrées dans le sol de ce pays ou ont leurs racines au Togo ou au Cameroun et tout ça fait d'excellents Français. Tout ça fait la France et sa richesse", estime Pascal Conquis dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace. "Qu'on le veuille ou non, cette équipe est aussi un reflet, et l'image du collectif qu'elle nous renvoie est réjouissante", se réjouit-il. Et si les Français veulent encore croire en des lendemains qui chantent, ils doivent seulement s'inspirer de leurs héros qui ont "soulevé les montagnes russes".
" La joie et l'énergie que procure cette prouesse constituent un capital précieux "
"Si cette Coupe du monde doit avoir une portée exemplaire, c'est ici qu'il faut la chercher. On aimerait voir le modèle transposé en tous domaines, à tous les enfants, sur tout le territoire. On souhaiterait que cet état d'esprit, volontaire, exigeant, élitiste même, se diffuse dans l'ensemble de la population", espère Yves Thréard dans Le Figaro. Pour François Ernenwein de La Croix, "la joie et l'énergie que procure cette prouesse constituent désormais un capital précieux qu'il faudra préserver". "Unis dans la victoire, l'équipe de France et les Français, aux anges dimanche soir, sont invités à accentuer cette pente. Pas seulement pour une question de principe. Mais d'abord d'efficacité", juge-t-il.
Une épopée sportive et politique. "Plutôt que de faire croire que les hommes de Deschamps se sont inspirés du pays pour soulever les montagnes russes, c'est au pays, désormais, de suivre l'exemple des champions du monde", suggère Laurent Bodins dans L'Alsace. "Cette deuxième étoile, à travers ses enseignements, doit lui (à la communauté nationale) servir de guide", espère-t-il. Dans La Montagne, Florence Chédotal veut espérer que la France, "si prompte d'ordinaire à douter, à macérer dans ses divisions, décide de puiser ici l'énergie pour aller de l'avant". "Le défaitisme est un poison insidieux", rappelle-t-elle.
Pour Laurent Mouloud de L'Humanité, les joueurs qui seront reçus à l'Élysée lundi après-midi par Emmanuel Macron "ne porteront pas qu'une Coupe du monde à la main et une seconde étoile sur le maillot bleu". "Mais symboliseront aussi, et ce n'est pas la moindre de leur victoire, cette exigence posée au pouvoir politique de faire vivre l'épopée de 2018 au-delà des terrains de football".