La Grande barrière de corail, au nord-est de l'Australie, subit actuellement le pire épisode de blanchissement jamais observé, sous l'effet du réchauffement climatique, a annoncé mercredi l'autorité qui la gère. "L'impact cumulé subi par la barrière cet été a été plus élevé que les étés précédents", souligne dans un communiqué l'Autorité du parc marin de la grande barrière, qui dépend du gouvernement fédéral australien.
Annoncé en mars, ce nouvel épisode de blanchissement massif, dû à la hausse de la température de l'eau, est le cinquième en huit ans. La Grande barrière de corail, qui s'étend sur 2.300 km le long de la côte de l'État du Queensland, est souvent considérée comme la plus grande structure vivante du monde. Elle abrite une biodiversité extrêmement riche, avec plus de 600 espèces de coraux et 1.625 espèces de poissons.
730 récifs blanchis
Des observations aériennes ont démontré qu'environ 730 récifs sur les plus de 1.000 observés ont blanchi, a indiqué l'Autorité. Ce phénomène est provoqué par une hausse de la température de l'eau qui entraîne l'expulsion des algues symbiotiques donnant au corail sa couleur vive. Si les hautes températures persistent, le corail devient blanc et meurt.
Dans plusieurs régions du parc marin, "les coraux ont été exposés à des niveaux record de chaleur", souligne l'Autorité, qui relève que l'été austral 2023-2024 a été le deuxième plus chaud jamais observé dans la région.
Un été difficile
"La Grande Barrière de Corail est un écosystème incroyable, et bien qu'elle ait montré sa résilience à maintes reprises, cet été a été particulièrement difficile", a déclaré Roger Beeden, le chef des scientifiques de l'Autorité du parc matin. Lors d'une mission sur la Grande barrière de corail, des journalistes de l'AFP ont visité l'une des zones les plus touchées par le phénomène.
L'île Lizard, petit coin de paradis tropical au large de la pointe nord-est de l'Australie, devrait normalement regorger d'une vie corallienne florissante. Mais aujourd'hui, elle n'est plus qu'un cimetière marin. Environ 80% du récif a blanchi cet été. Nombre de ces coraux auront du mal à survivre.
Anne Hoggett, biologiste marine, vit et travaille sur l'île Lizard depuis 33 ans. Elle raconte qu'à son arrivée, le blanchissement des coraux ne se produisait que tous les dix ans environ. Aujourd'hui, il se produit chaque année, dans des proportions variables. "Nous ne savons pas encore s'ils ont déjà subi trop de dommages pour se rétablir ou non", dit-elle.
3 milliards d'euros pour la qualité de l'eau
L'Australie a déjà investi quelque 5 milliards de dollars australiens (3 milliards d'euros) pour améliorer la qualité de l'eau, réduire les effets du changement climatique et protéger les espèces menacées. Grâce à cela, l'Unesco avait en août 2023 renoncé provisoirement à inscrire la Grande barrière sur la liste du patrimoine mondial en péril, comme elle menaçait de le faire depuis 2021.
Mais l'Australie est aussi l'un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, l'un des plus grands exportateurs de gaz naturel et de charbon, et ne s'est que très récemment fixé des objectifs, jugés peu ambitieux, pour atteindre la neutralité carbone.
Deuxième plus grand épisode de blanchiment
Le phénomène n'est pas cantonné à l'Australie : lundi, l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) a annoncé que la planète connaissait son deuxième plus grand épisode de blanchissement des coraux en dix ans. "Le blanchissement des coraux devient de plus en plus fréquent et grave", a relevé Derek Manzello, coordinateur de l'observatoire des récifs coralliens de la NOAA, pointant des températures océaniques records.