Deux inondations terribles en deux mois : le Pas-de-Calais est en première ligne face au réchauffement climatique. Et la zone entre Calais, Dunkerque et Saint-Omer, où vivent 450.000 personnes, est d'autant plus vulnérable qu'elle présente des caractéristiques topographiques uniques en France.
Une hausse du niveau de la mer de 50 cm
Cette zone du delta de l'Aa, ce cours d'eau qui déborde en ce moment, se situe en dessous du niveau de la mer. C'est un territoire que l'homme a repris à l'océan, appelé polder. Des petits canaux, des wateringues, ont donc été aménagés pour assécher ces terres. "Le système fonctionne pour un certain débit. Sauf que là, actuellement, on a des niveaux d'eau tels que le polder et tout ce système de wateringues n'arrive plus à évacuer correctement cette eau", alerte Arnaud Gauthier, professeur de géosciences de l'environnement à l'université de Lille.
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Ce système est aujourd'hui endommagé par les crues et inadapté aux nouvelles conditions climatiques. "À l'horizon 2050, c'est vraisemblablement une hausse du niveau de la mer de 50 centimètres sur le Dunkerquois. Et donc inexorablement, il faut réfléchir à retenir l'eau. Donc, pour ça, il faut des bassins de rétention et remettre des haies, qu'on a beaucoup supprimées dans le domaine de l'agriculture. Mais aussi, il ne faut pas construire là où il y avait une rivière avant. Par rapport aux travaux qu'il y a à faire, il va vraiment falloir une forte mobilisation", constate Bertrand Ringot, maire de Gravelines et président de l'institution des wateringues du delta.