C'est un courant d'une grande importance dans le système climatique qui se trouverait menacé de disparition. À en croire une étude publiée dans la revue Science Advances, l'Amoc, un courant qui s'étend sur l'ensemble de l'Océan Atlantique, est menacé d'effondrement alors que la plupart des publications sur le sujet évoquent, d'ores-et-déjà, son futur ralentissement.
Concrètement, l'Amoc fonctionne sur le modèle d'un tapis roulant. Il permet aux eaux chaudes situées au niveau de l'équateur de rejoindre les pôles, tandis que les eaux froides font le chemin inverse. "On a, dans l'Atlantique Nord, des eaux qui deviennent très denses, parce que froides et salées, et plongent en profondeur à la fin de l'hiver. C'est ce phénomène qui met en action cette grande circulation", éclaire Laurent Bopp, océanographe, climatologue et chercheur au CNRS. Une circulation "qui contribue à réduire la variation de température entre l'équateur et les pôles". Sans compter "les éléments nutritifs indispensables pour la vie marine" que transporte ce courant océanique.
Des eaux plus chaudes et moins salées
Plusieurs facteurs expliquent le fléchissement de ce processus, dont le réchauffement climatique n'est pas étranger. "D'abord, les eaux de surface sont plus chaudes, donc moins denses. Elles sont aussi moins salées dans l'Atlantique Nord, car il pleut davantage et on a un apport d'eau douce continentale suite à la fonte des glaciers", développe Laurent Bopp.
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Si le débat fait rage au sein de la communauté scientifique - certains évoquent une disparition brutale de l'Amoc, quand d'autres font état d'une évolution plus linéaire - les éventuelles conséquences sont déjà bien connues. "Il pourrait y en avoir sur la montée du niveau des mers dans certaines zones de l'Atlantique Nord, avec des impacts sur les zones côtières", indique Laurent Bopp. Le chercheur pointe également le risque d'une "baisse de la productivité des écosystèmes dans cette zone", avec les répercussions sur la pêche que cela peut induire. "Et puis, bien sûr, une redistribution des températures avec, dans certaines zones, peut-être un refroidissement". Laurent Bopp met toutefois en garde : "Ce refroidissement ne compensera pas le réchauffement lié à l'augmentation des gaz à effet de serre. Le réchauffement l'emporte largement".
Un épisode il y a 13.000 ans
Dans un passé très lointain, la Terre a déjà expérimenté des ralentissements brutaux de l'Amoc. "Il y a un épisode célèbre, qui s'est déroulé il y a 13.000 ans, lorsque la Terre était en période glaciaire. Au moment où la Terre s'est réchauffée, il y a eu un très fort ralentissement de cette circulation. Et on a assisté en Europe à un très fort refroidissement qui a duré quelques centaines, voire quelques milliers d'années", explique Laurent Bopp. Un scénario extrême qui n'est absolument pas à l'ordre du jour dans les décennies à venir.