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À Lille, l'annulation d'un hommage à Charlie Hebdo par le cinéma l'Univers provoque la polémique

Lionel Gougelot / Crédit photo : Geoffroy Van der Hasselt / POOL / AFP - Mis à jour le . 3 min

Un cinéma associatif, situé dans le quartier populaire de Moulins à Lille, refuse d'accueillir le 11 janvier prochain une soirée d'hommage aux victimes des attentats de "Charlie Hebdo" et de l'Hyper Cacher, déclenchant l'ire de l'organisateur.

Pour les 10 ans de ces attaques terroristes islamistes, le Printemps Républicain, association qui défend la laïcité et lutte contre l'islam politique, avait prévu une soirée d'hommage dans un cinéma associatif de Lille . Après un accord de principe, le conseil d'administration du cinéma l’Univers a finalement refusé d'accueillir l'événement. 

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La soirée de commémoration était organisée autour d’une exposition d’une cinquantaine de dessins de Charb, ainsi que la diffusion du film documentaire sur la plaidoirie de Richard Malka lors du procès de l’attentat contre Charlie Hebdo . La soirée d’hommage aux victimes de janvier 2015 n'aura jamais lieu, la direction du cinéma jugeant cette présentation "tendancieuse". Un terme qu'elle récuse, ajoutant dans un mail transmis à l’association qui organisait l’événement en partenariat avec le Printemps Républicain, que ces présentations seraient de nature à susciter des débats houleux, des désaccords et des mécontentements.

"Les anti-Charlie veulent nous faire taire"

Ce refus est aussi justifié par les prises de position controversées du Printemps Républicain, qui ne serait pas en accord avec la ligne éditoriale du lieu. Mais les membres de l'association contestent une décision arbitraire. "Les anti-Charlie veulent nous faire taire" dénonce Sophie Taïeb, responsable locale du Printemps Républicain. "Là on est vraiment face à des gens proches de l’extrême gauche qui défendent le communautarisme et qui, quand on leur parle de laïcité entendent islamophobie, ce mot qui ne veut rien dire. Ils refusent que l’on ait la parole et ils refusent de venir pour qu’on en discute face à face tranquillement", déplore-t-elle.

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"Avec ces gens-là, c'est : tu n'es pas d’accord avec moi, tu n’existes pas. Et ce qu’ils nous disent, c’est que le Printemps Républicain qui a des positions controversées, sans préciser lesquelles, n’a pas le droit de présence dans ce cinéma". La direction de l’Univers qui n’a pas répondu à la sollicitation d’Europe 1 a expliqué au journal La Voix du Nord que le Printemps républicain "souhaitait inviter plusieurs personnes qui vivent sous protection policière constante. "Il aurait fallu un service de sécurité conséquent que nous ne pouvions pas assumer. Nous n’avions aucune garantie quant au bon déroulement de cette soirée". Le Printemps Républicain cherche désormais un autre endroit pour organiser cette soirée d’hommage… "Si on renonce, on assassine les victimes une deuxième fois", selon Sophie Taïeb.

Dans un communiqué transmis à Europe 1, le cinéma associatif lillois L'Univers répond : 

Depuis 10 jours, le cinéma associatif lillois L'Univers est victime de harcèlement en ligne suite à un communiqué du Printemps républicain publié le 21 novembre. En cause, le refus du conseil d'administration du cinéma de lui ouvrir sa programmation à l'occasion d'une commémoration des victimes de l'attentat de Charlie Hebdo le 11 janvier. Pourtant, les raisons de ce refus ont été expliquées à Mme Sophie Taïeb, référente Hauts-de-France du Printemps républicain, avant la clôture du programme et rappelé dans un communiqué publié le 27/11/2024 par le cinéma : le non-respect de ses règles de fonctionnement, l'incapacité matérielle du lieu à accueillir un tel événement (qui prévoyait notamment des intervenants placés sous protection policière), ainsi que les positions et méthodes controversées du mouvement politique.

Jamais L'Univers n'a émis de jugement sur le contenu envisagé de la commémoration, que ce soit sur l'exposition des dessins de Charb ou la projection du film Dieu peut se défendre tout seul d'Isabelle Cottenceau. Pour l'équipe de ce cinéma de quartier, l'ampleur de l'affaire est complètement disproportionnée et s'apparente à une campagne de désinformation. Il s'agit de l'un des derniers cinémas indépendants de Lille et ses activités se concentrent sur l’éducation aux médias et à l'image. L'équipe du cinéma s'oppose formellement à toute instrumentalisation de ses choix de programmation, construits avant tout par la quarantaine d'associations adhérentes qui animent et font vivre le lieu depuis maintenant 25 ans !