Le président du Sénat Gérard Larcher a annoncé "procéder à un signalement auprès du procureur de la République" après la publication par le Canard enchaîné d'un article sur des accusations de chantage à la "sextape" impliquant "un sénateur", a appris l'AFP vendredi auprès de son cabinet. "Il appartient désormais à la justice de se saisir des faits en cause", a-t-on indiqué à la présidence du Sénat.
Le licenciement d'un médecin comme point de départ
Selon l'article du Canard enchaîné, un médecin du Sénat, qui conteste son licenciement, a en effet porté à la connaissance de la direction l'existence d'une vidéo intime impliquant "un sénateur". Cette "sextape" serait devenue, toujours d'après l'hebdomadaire, "un moyen de pression" utilisé par une "assistante médicale". Vendredi matin, le médecin en question a adressé un courrier à tous les sénateurs dans lequel il revient sur l'affaire, affirmant qu'il allait exercer un "recours contentieux pour licenciement abusif", selon sa lettre consultée par l'AFP.
Il y explique également qu'une assistante médicale "se vantait de détenir des éléments compromettants de son amant", un homme qu'il présente comme "une autorité du Sénat", afin de "conserver un levier de pression". Des éléments qu'il dit avoir signalés à la direction de la chambre haute. Selon une source haut-placée de la Haute assemblée à l'AFP, "le licenciement du médecin du Sénat est cependant totalement dépourvu de lien avec les enregistrements mentionnés dans l'article du Canard enchaîné", mais "la réalisation et la diffusion des enregistrements vidéo que le médecin a indiqué avoir en sa possession sont susceptibles de recevoir une qualification pénale".
Une enquête interne conduite après des signalements de ce médecin sur le fonctionnement du cabinet médical avait fait apparaître, selon la même source, "que le médecin avait fait le choix de pratiquer, sans en informer sa hiérarchie, une activité professionnelle en parallèle de ses fonctions pourtant exercées à plein temps au Sénat". "Cette activité parallèle a compromis gravement le bon fonctionnement du cabinet médical et de l'équipe administrative" et le médecin "a donc fait l'objet d'un licenciement à compter du 15 février pour ce motif", a-t-on encore expliqué.
Vendredi, le groupe écologiste avait exhorté le président du Sénat à saisir la justice pour que "toute la transparence soit faite sur cette affaire", dénonçant "l'opacité" en interne à la chambre haute. La présidence du Sénat a confirmé à l'AFP que le signalement de Gérard Larcher se faisait au titre de l'article 40 du Code de procédure pénale, qui impose aux agents publics de signaler des délits potentiels dont ils ont connaissance.