"Lever le voile" sur la soumission chimique intrafamiliale est un des enjeux du procès de Dominique P., jugé à Avignon pour avoir drogué son épouse afin de la faire violer par des dizaines d'inconnus, pendant dix ans, a estimé mardi l'avocat de la famille.
"La soumission chimique intrafamiliale, c'est l'angle mort de la lutte contre la soumission chimique"
"La soumission chimique intrafamiliale, c'est l'angle mort de la lutte contre la soumission chimique, parce qu'on ne se réveille pas sur un trottoir, le visage tuméfié, ou à côté d'un homme qu'on ne connaît pas", a expliqué Me Antoine Camus, un des deux avocats de Gisèle P., la victime principale, et de ses trois enfants et quatre petits-enfants parties civiles, lors d'une suspension d'audience de ce procès dont le deuxième jour d'audience était consacré à la lecture des faits.
"On se réveille dans son lit, dans son foyer, à côté de son mari, en qui on place la plus grande des confiances, qui ne vous bat pas, qui est un bon mari et qui vient vous dire : 'mais écoute, tu es trop fatiguée, arrête d'aller en région parisienne t'occuper de tes petits-enfants, tu t'épuises, reste à la maison, tiens d'ailleurs, je t'ai refait un jus d'orange, tu en veux ?'", a-t-il ajouté.
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Gisèle P., 72 ans, a été victime pendant dix ans des agissements de son mari, qui la droguait avec des somnifères avant de la violer lui-même et de la faire violer par des inconnus recrutés sur internet. Des faits qui avaient commencé en 2011, quand le couple résidait encore en région parisienne, mais qui ont surtout eu lieu à leur domicile de Mazan, ce village du Vaucluse où ils avaient déménagé en 2013.
Soixante-douze violeurs présumés de Gisèle P. ont été recensés par les enquêteurs, dont 50 ont été identifiés et sont donc jugés aux côtés de Dominique P. jusqu'en décembre. Des faits pour lesquels ils encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle. "Avec ce dossier, ce qui est révélé, c'est que c'est bien beau d'avoir des ambitions de répression de la soumission chimique dans notre code pénal, encore faut-il s'en rendre compte, encore faut-il pouvoir aller déposer plainte", a estimé Me Antoine Camus.
D'où cette décision lundi, au premier jour du procès, par Gisèle P. et ses avocats, de refuser que ce procès se tienne à huis clos.