Son histoire marque le paysage médiatique depuis 40 ans. Le 16 octobre 1984, dans les Vosges, le corps sans vie du petit Grégory était retrouvé dans une rivière, les pieds et mains liés, plongeant sa famille dans un feuilleton médiatique qui n'a pas encore trouvé de fin. Quatre décennies après la mort du jeune enfant, une bande dessinée paraît en librairie.
Intitulé sobrement Grégory, l'ouvrage sort dans les rayons ce 3 octobre, aux éditions Les Arènes. Le père de la victime, Jean-Marie Villemin, signe la préface de cette bande dessinée, co-écrite par Pat Perna et illustrée par Christophe Gaultier.
"Je ne suis pas endurci", écrit Jean-Marie Villemin
"À 66 ans, je ne suis pas endurci. Au contraire, l'émotion est à fleur de peau et j'ai souvent pleuré en découvrant ces pages, et Christine aussi, tant elles retracent avec justesse la période la plus noire de notre vie", écrit Jean-Marie Villemin. "Je me demande comment nous avons survécu. Nous étions perdus, au fond du gouffre, sans aucun soutien, ballottés par les événements et une justice erratique. Je nous revois, si jeunes et sans aucune autre expérience de la vie que celle d'un couple de 24 et 26 ans, ayant quitté l'école à 16 ans", poursuit le père.
"J'ai pris la vie de mon cousin, je resterai à jamais un assassin. Je le regrette tant", ajoute-t-il. "Car il faut vivre après avec ce poids-là. J'ai mûri, j'ai appris, je me suis apaisé et je sais le prix de la douleur et des larmes". Aujourd'hui, "des policiers, des magistrats ou des journalistes, qui ont approché le dossier de près, et qui pour certains l'ont dévasté, s'expriment sans scrupule ni honte et en profitent pour dire n'importe quoi", déplore Jean-Marie Villemin.
Il rend hommage à sa femme, inculpée dans ce dossier par un premier juge d'instruction, puis entièrement mise hors de cause par un deuxième juge. "C'est une grande brûlée des médias. Christine ne peut plus supporter cette curiosité qui nous a fait tant de mal", explique-t-il. L'affaire est toujours en cours d'instruction, pour éclaircir les faits du 16 octobre 1984.
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Une enquête encore loin d'être terminée
L'histoire de la BD est essentiellement centrée sur celle du père de Grégory, et notamment sur son procès. Quatre mois après la mort de son fils, Jean-Marie Villemin avait fini par tuer au fusil de chasse son cousin germain, Bernard Laroche, principal suspect à l'époque.
Il faudra attendre près de neuf ans avant l'ouverture de procès, début novembre 1993. Une décennie racontée dans l'ouvrage, où au fil des pages, Jean-Marie Villemin réalise le drame d'avoir tué l'homme. "J'avais du chagrin dans les veines comme d'autres ont de l'alcool", soulignait-il à l'époque, lors de l'audience. Un procès qui se déroulera sur fond du mystère de la mort du petit garçon.
Le 20 mars dernier, la justice a ordonné que de nouvelles expertises soient réalisées, à la demande des parents de la victime. De quoi ouvrir un nouveau chapitre de ce fait-divers marquant.