«Affaire Nahel» : pourquoi les arguments du parquet interrogent ?
Le parquet de Nanterre vient de rendre son réquisitoire définitif dans l'affaire Nahel. Il réclame que le policier, auteur du tir mortel, soit jugé devant une cour d'assises pour meurtre. Autrement dit, le parquet considère qu'il avait bel et bien l'intention de tuer le jeune homme. Europe 1 s'est procuré le document judiciaire et la lecture du dossier par le ministère public interroge.
C'est une position qui met le feu aux poudres dans les rangs de la police. Le parquet de Nanterre a rendu son réquisitoire définitif dans l'affaire Nahel et réclame que le policier, auteur du tir mortel, soit jugé devant une cour d'assises pour meurtre. Europe 1 s'est procuré le document judiciaire de 36 pages, et la vision de l'affaire par le ministère public interroge notamment sur ce qu'on appelle en droit "l'intention homicidaire".
Le parquet considère que le policier n'était pas dans le cadre de la légitime défense
Est-ce que le policier voulait tuer Nahel quand il a tiré ? Pour le parquet, la réponse est oui. Son argument : le policier n'a pas hésité à faire usage de son arme. Une arme dont il ne pouvait ignorer le caractère potentiellement létal. Une prise de risque inconsidérée, estime le parquet.
Sauf que cette intention de tuer a été largement écartée par l'enquête à plusieurs reprises par différents experts en balistique et en accidentologie. Il a été formellement établi que le policier visait au niveau du bas du corps, mais que son tir a été dévié par le redémarrage volontaire de la voiture conduite par Nahel.
Le parquet considère que le policier n'était pas dans le cadre de la légitime défense, ce que conteste la défense, puisque le bolide avait déjà failli renverser au moins deux piétons et un cyclist et qu'en redémarrant, il pouvait en renverser d'autres. C'est désormais aux deux juges d'instruction de statuer sur un éventuel renvoi pour meurtre devant une cour d'assises.