Au troisième jour du procès de Jérôme Tonneau, accusé d'avoir fait enlever et tué son ex-compagne à Lille, les enfants de la victime ont raconté l'invasion progressive de sa vie privée par un homme possessif, jusqu'à son enlèvement par trois amis de la famille. "C'est venu crescendo", raconte Florine D., fille de Nathalie D., morte cinq ans plus tôt égorgée au domicile de son ex-compagnon à La Madeleine dans la métropole lilloise.
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"Je trouvais maman trop dure avec lui"
La jeune femme évoque un homme d'abord "gentil", "toujours prêt à rendre service", au point qu'elle prendra son parti au moment de la rupture : "je trouvais maman trop dure avec lui", se souvient-elle. Mais elle se souvient aussi de sa "présence envahissante" : quelque temps avant leur séparation, il lance de grands travaux dans la maison de cette femme de 47 ans, mère de deux enfants. "Elle était trop fatiguée pour reprendre le dessus", résume sa fille, 25 ans. Quand Nathalie D. finit par quitter l'accusé pour de bon, il fait une tentative de suicide.
S'ensuivent de nombreux SMS envoyés à Nathalie D. et à ses enfants, alternant chantage au suicide et menaces, rapporte son fils Romain N. L'accusé tente également de pénétrer dans le téléphone et le compte Facebook de la victime. Inquiète, Nathalie D. fait installer une alarme et demande à son fils un marteau "à garder près de sa table de nuit, car elle ne se sentait plus en sécurité", raconte ce dernier.
Mais c'est finalement sur son lieu de travail que Nathalie D. est enlevée. Un personnage-clef rend le rapt possible : Emanuel D., un Roumain engagé en affaires avec Jérôme Tonneau et devenu en quelques mois un grand ami de Florine D. Au point que les deux enfants de la victime, Emanuel D. et les cousins de celui-ci "passent tout leur temps ensemble" vont "au fast-food" et "au billard" les week-ends. Dans son téléphone, Florine a noté le numéro d'Emanuel sous le mot roumain pour "Frère". Lui-même l'appelle "ma sœur", et Nathalie D., "maman".
Pourtant, le 27 mai 2019, Emanuel D. participe à l'enlèvement de Nathalie D. pour la livrer à son ex-concubin, avec deux autres hommes que les enfants de la victime connaissaient également. "Emanuel D. était le seul à pouvoir sauver ma mère, mais il ne l'a pas fait", déclare douloureusement sa fille Florine. Dans le box vitré, Emanuel D. acquiesce gravement, les yeux rivés au sol. Le procès doit durer jusqu'au 5 juillet.