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Haute-Saône : «psychose naissante» après l'assignation à résidence d'un fiché S dans la petite ville de Lure

Mélina Facchin avec AFP - Mis à jour le . 2 min

La présence de Karim Mohamed-Aggad, 34 ans, le frère de Foued Mohamed-Aggad, l'un des tueurs du Bataclan, dans la commune de Lure a créé la psychose. Fiché S, Karim Mohamed-Aggad avait été condamné en mai 2017 à neuf ans de prison par la cour d'appel de Paris pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".

Le maire de Lure (Haute-Saône) en a appelé à l'Etat lundi face à la "psychose naissante" dans sa commune autour de la présence d'un homme fiché S, assigné à résidence en attendant son expulsion du territoire. Karim Mohamed-Aggad, 34 ans, est le frère de Foued Mohamed-Aggad, l'un des tueurs du Bataclan, mort lors de l'attentat du 13 novembre 2015 à Paris.

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"Je demande d'organiser une rotation (entre plusieurs lieux de résidence) en attendant que l'expulsion soit validée par les pays d'accueil", a déclaré à l'AFP Eric Houlley, maire socialiste de Lure, commune d'environ 8.000 habitants.

Sentiment de trahison

"Ça m'exaspère. Je ne pense pas que la solution soit d'installer des personnes avec un passif aussi lourd dans une petite ville pendant des semaines et des semaines. Je pense que l'État s'y prend très mal", estime l'idylle au micro d'Europe 1. "J'ai voulu jouer le jeu. Je suis un élu républicain loyal et au final, j'ai l'impression d'avoir été trahi", conclut-il.

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Fiché S, Karim Mohamed-Aggad avait été condamné en mai 2017 à neuf ans de prison par la cour d'appel de Paris pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", après avoir passé plusieurs mois en Syrie en 2013 et 2014, selon le quotidien régional L'Est Républicain. 

Après avoir purgé sa peine, il a de nouveau été condamné à six mois de prison pour le non-respect des mesures de surveillance qui lui étaient imposées. Il a été déchu de sa nationalité en novembre 2023 et placé au centre de rétention administrative de Metz, puis assigné à résidence à Lure fin juin 2024 par arrêté du ministre de l'Intérieur, selon le journal.

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Ni l'Algérie ni le Maroc n'ont délivré le laissez-passer consulaire

De père algérien et de mère marocaine, la mesure d'éloignement le visant n'a pas abouti : ni l'Algérie ni le Maroc n'ont délivré le laissez-passer consulaire indispensable à son expulsion, selon la même source. "Tout n'a pas été fait au niveau de l'Etat central (...) pour aboutir à un résultat et éviter qu'on ait cette psychose naissante", estime l'élu socialiste.

"Il faut changer les règles", a déclaré à l'AFP le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, en marge d'un déplacement à Strasbourg. "On doit changer les règles de droit. Je suis pour un Etat de droit mais l'état du droit, actuellement, est en train de nous paralyser. C'est pour ça que je plaide auprès de la Commission (européenne) pour changer la politique retour, la politique des éloignements", a-t-il ajouté.

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Les riverains sur les dents

Selon Eric Houlley, qui dit s'être "heurté à l'inertie de l'Etat", "des inquiétudes (...) commencent à remonter depuis plusieurs semaines" à Lure en raison du profil de l'homme. "Il y a eu des alertes sur les réseaux sociaux, des salariés dans les grandes surfaces, de la CPAM qui se sont inquiétés", a-t-il ajouté, précisant que l'homme "pointe régulièrement" et "respecte son contrôle judiciaire". 

Dans l'un des bistrots de la commune, les habitués ne cachent pas leur inquiétude face au profil du fiché S. "Ce n'est pas normal, c'est même honteux. On met quelqu'un de dangereux dans une toute petite ville comme la nôtre", s'agace un riverain au micro d'Europe 1. Tous espèrent maintenant que la situation sera résolue au plus vite et que la petite ville de Lure retrouvera sa tranquillité.