C’est un phénomène qui inquiète de plus en plus les autorités. Selon les informations d’Europe 1, les mineurs sont devenus la cible privilégiée des sectes et des adultes acquis aux thèses complotistes pour élargir leur communauté. Des croyances comme la négation des attentats du 11 septembre, la terre plate ou encore la création du sida en laboratoire sont enseignés dès le plus jeune âge à ces enfants.
Écoles hors contrat
Plus vulnérables en raison de leur développement cognitif inachevé, les enfants ciblés sont retirés du système scolaire classique. Les écoles hors contrat se multiplient partout en France. 120 sont créées chaque année. Il en existe ainsi plus de 2.500 en France métropolitaine, où environ 100.000 élèves y sont inscrits.
Dans certaines de ces écoles, les mineurs sont exposés aux thèses complotistes, avec un programme éducatif différent de celui enseigné dans les écoles présentant un partenariat avec l’État. En 2023, une enseignante d’un établissement de Colmar a allumé un feu dans un endroit clos. Les enfants devaient rester debout dans la fumée entre 5 et 10 minutes afin de stimuler la sensorialité, éveiller les sens et la pensée individuelle de l’enfant.
Des retards cognitifs
Autre fléau relevé par les autorités, les retards cognitifs chez ces mineurs touchés par ces dérives sectaires. La théorie des âges est particulièrement relayée dans certaines écoles hors contrat avec une approche pédagogique divisée en quatre phases : la première naissance, jusqu’à l’âge de sept ans, où l’enfant ne reçoit que peu d’enseignements scolaires.
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La deuxième naissance, à partir de sept ans, où l’enfant commence à apprendre à lire. La troisième naissance, dès 14 ans, avec le début d’un enseignement scientifique. Enfin, la quatrième naissance, à 21, où le jeune adulte est considéré comme parfaitement autonome. Les mineurs sont ainsi en retard sur le plan du développement pédagogique par rapport à un élève recevant une formation classique. Ainsi, un enfant de 11 ans, scolarisé dans une école située dans la Meuse, et revendiquant un enseignement alternatif, ne savait pas lire lors de son passage au collège.
Violences corporelles
Selon les autorités, les enfants évoluant dans ces milieux sont plus fortement exposés aux sévices corporels, à la torture, aux phénomènes d’attouchements et même au viol. Des cas ont notamment été observés dans l’environnement des écoles anthroposophiques où les éducateurs font le choix de ne pas intervenir lors d’actes de violences entre élèves pour "ne pas faire reculer l’enfant dans son karma de façon irréversible".
Les adultes adeptes de ces thèses complotistes diffusent leurs pratiques dans certaines écoles hors contrat. Le refus de la vaccination est instauré dans certains de ces établissements, mettant en danger la santé des élèves. Un foyer épidémique de rougeole s’est par exemple développé il y a quelques années dans une école de Colmar. Les enfants scolarisés dans ces écoles sont donc plus facilement exposés aux maladies et aux infections.
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Les réseaux sociaux, canal de recrutement
Face au développement des réseaux sociaux, les groupes sectaires utilisent ces canaux comme moyen de recrutement. Les mineurs sont devenus une cible privilégiée pour ces adultes acquis aux thèses complotistes.
La défiance grandissante vis-à-vis de la parole institutionnelle participe de cette entreprise de recrutement et d’adhésion aux thèses complotistes. Avec un discours rassurant et l’illusion d’un monde dangereux, avec à sa tête les institutions étatiques, les mineurs sont plus facilement touchés par ces théories.
Dans ce contexte, les autorités alertent sur les dangers que représentent ces courants de pensée. Pour lutter contre ces dérives, le gouvernement a créé, avec la Miviludes et les associations de prévention, un programme d’action visant à protéger les mineurs.