Un fléau qui mine la Guyane. La cour d’appel de Cayenne a recensé l’année dernière 59 meurtres et 255 tentatives d’homicide. Un record qui avait déjà été battu en 2022 avec 47 meurtres. La question de l’insécurité grandissante dans ce territoire français, où un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté, sera au cœur du déplacement d’Emmanuel Macron, attendu ce lundi à Cayenne pour un déplacement qui devrait l’amener de l’autre côté de la frontière, au Brésil, dans le courant de la semaine.
Au sommet du crime en Guyane, figurent les gangs ultra-violents brésiliens qui dominent une partie des bidonvilles jouxtant Cayenne. Selon les informations d’Europe 1, au moins 200 membres de gangs brésiliens sont recensés sur le territoire par les forces de l’ordre.
Gangs ultraviolents
Selon une note récente de la police judiciaire qu’Europe 1 a consultée, les "factions brésiliennes constituent une composante essentielle" de la criminalité guyanaise. Plusieurs gangs, historiquement constitués dans les prisons brésiliennes, sévissent sur le sol français. Le plus puissant, le Primeiro Comando da Capital (PCC), la Familia Terror do Amapa (FTA) ou encore le Comando Vermelho (CV).
Trafic de cocaïne, braquages, enlèvements ou meurtres sont le fond de commerce de ces principaux gangs qui se sont implantés durablement en Guyane depuis la fin des années 2010. Certains clans locaux comme les B13 de Matoury ou le BTR Gang, se sont d’ailleurs associés avec les factions brésiliennes. L’année dernière, les gendarmes de Cayenne ont interpellé 18 membres de FTA qui s’étaient installés illégalement dans une commune côtière et qui projetaient d’y commettre des vols à main armée et au moins un meurtre.
15% de détenus brésiliens
Le principal point de contact entre les délinquants guyanais et les gangsters brésiliens se trouve à la prison de Remire-Montjoly. Avec un millier de détenu pour 600 places, le taux d’occupation y est de 167%, un des plus élevés en France. Dans cette prison, selon le renseignement pénitentiaire, 151 détenus sont de nationalité brésilienne, soit près de 15% de la population carcérale totale. Des règlements de compte sanglants s’y déroulent. Comme en avril 2020, quand un membre d’une faction brésilienne a pris en otage un gardien de prison pour accéder à un autre quartier de l’établissement afin d’assassiner un membre d’un gang rival.
Pour faire face à cette violence derrière les barreaux, l’administration pénitentiaire tente de désengorger la prison en transférant des détenus vers la métropole. Si bien que des membres de factions brésiliennes se retrouvent à leur sortie de prison à poursuivre leur activité criminelle depuis la métropole. Comme ce Guyanais mis en cause dans une affaire de meurtre visant un trafiquant de stupéfiants à Tours. En décembre dernier, il a été identifié comme appartenant au Comando Vermelho.