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L'isolement comparé à de «la torture blanche» : l'avocat Raphaël Kempf entendu pour outrage

Europe 1 avec AFP - Mis à jour le . 1 min
L'entrée de la prison de Nancy-Maxeville
L'entrée de la prison de Nancy-Maxeville © JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

L'avocat pénaliste Raphaël Kempf a été entendu jeudi à Paris par des policiers. Il est accusé d'outrage et de diffamation pour un courriel envoyé à la prison de Nancy, dans lequel il fustigeait le maintien à l'isolement d'un client détenu, a-t-il indiqué à l'AFP.

Contacté à l'issue de son audition libre, Me Kempf a dénoncé "un acte d'intimidation envers l'exercice de la défense". Au cœur de la polémique : un email du 31 août 2023, où Raphaël Kempf s'indigne du maintien au quartier d'isolement d'un de ses clients alors que le tribunal administratif de Nancy avait ordonné, cinq jours plus tôt, que son isolement soit levé.

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Des accusations contre une plainte

"Bonjour, vous n'avez pas honte ?! La justice vous a donné tort et vous persévérez, alors que vous n'avez aucun élément nouveau imputable à mon client postérieur au jugement du tribunal administratif", avait-il notamment écrit dans son email consulté par l'AFP. Il avait aussi accusé la prison de faire "usage de (son) pouvoir et de (sa) force pour faire subir à (son) client des conditions de détention ignobles" et comparé l'isolement à de "la torture blanche".

De son côté, la prison avait contesté la décision du tribunal administratif devant le Conseil d'État. La plus haute juridiction administrative avait confirmé la sortie d'isolement dans un arrêt rendu le 28 mars 2024. Parallèlement, la directrice de la maison d'arrêt de Nancy-Maxéville a porté plainte pour outrage et diffamation, aboutissant à l'ouverture d'une enquête au parquet de Nancy en septembre 2023, transmise à Paris en 2024. C'est dans ce cadre que Raphaël Kempf a été entendu jeudi par les policiers, devant lesquels il a "gardé le silence", a-t-il indiqué à l'AFP.

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Le soutien de l'ADAP

"Les questions des policiers insistaient sur l'expression de 'torture blanche', qu'ils considèrent outrageante", a précisé Me Kempf. "Pourtant, j'ai dénoncé les conditions de détention de mon client dans des termes qui sont employés par un grand nombre de professionnels et d'associations, qui décrivent les effets du quartier d'isolement sur ceux qui y sont soumis". Plusieurs syndicats et associations d'avocats lui avaient apporté son soutien.

Les propos tenus par Raphaël Kempf "ne sont pas injurieux et n'outrepassent pas les limites d'une parole de défense, largement protégée par la jurisprudence européenne notamment", a réagi l'Association des avocats pénalistes (ADAP). "Aucun avocat ne se laissera intimider par des actions tendant à le dissuader d'exercer sa mission conformément à son serment", a insisté l'ADAP dans un communiqué. Sollicité par l'AFP, le ministère de la Justice n'a pas souhaité commenter "une procédure judiciaire en cours".