La guerre contre le narcotrafic est-elle perdue d’avance ? C’est le sentiment qu’on peut avoir à la lecture d’un rapport de la Cour des Comptes publié mercredi sur l’office antistupéfiants. Cette dernière estime que la lutte contre la drogue coûte chaque année 1,8 milliard d’euros à l’État. Et c'est peu, à côté des 3,5 milliards d’euros de bénéfices générés par les narcotrafiquants français.
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Insuffisant malgré l'augmentation
Même si le budget de l’office antistupéfiants, l’OFAST, a augmenté de 50% depuis 2020, il reste faible, avec 55 millions d’euros enregistrés en 2023. Une goutte d’eau aussi par rapport à son homologue américain, la DEA, qui bénéficie, elle, de 3 milliards de dollars de budget annuel.
Selon les Sages de la rue Cambon, 6% du total des forces de l’ordre travaillent quotidiennement sur cette problématique. Environ 15.000 policiers, gendarmes et douaniers participent à cet effort, mais là encore, c’est une tout autre échelle par rapport à l’estimation du nombre de personnes qui vivraient directement ou indirectement du trafic de drogue : 240.000 l’année dernière.
Un constat : la lutte contre le narcotrafic est asymétrique, comme le déplore la Cour des comptes dans un rapport de 90 pages, estimant que "cinq ans après son lancement, le plan national antistupéfiants présente des résultats mitigés". Les moyens de l’État seront toujours limités, d'où l’importance de développer le renseignement opérationnel pour pouvoir impacter au bon moment et au bon endroit les organisations criminelles.