Lyon : le maire écologiste Grégory Doucet sorti de garde-à-vue, levée après 10 heures d'interrogatoire
Lors d'une enquête ouverte pour détournements de fonds public, le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet a passé une dizaine d'heures en garde-à-vue ce mercredi 8 avril à l'hôtel de police de Lyon. Il a été entendu en tant que représentant de la collectivité, pour expliquer le fonctionnement de la ville et défendre la légalité des décisions prises.
Le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet a été entendu mercredi pendant une dizaine d'heures sous le régime de la garde à vue dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds publics.
Entendu pour "défendre la légalité des décisions prises"
A un an des élections municipales, lors desquelles il briguera un second mandat, Grégory Doucet a été convoqué à 08H00 à l'Hôtel de police de Lyon pour s'expliquer sur la nature des taches effectuées par des chargés de mission payés par la ville.
"La mesure de garde à vue du maire de Lyon a été levée en fin d'après-midi. Les investigations se poursuivent sous l'autorité des juges d'instruction", a déclaré le parquet vers 18H00 à l'issue de son audition.
Il a été "entendu en tant que représentant de la collectivité dans une étape normale de l'enquête pour expliquer le fonctionnement de la ville et défendre la légalité des décisions prises. Il collabore pleinement avec la justice", selon l'Hôtel de Ville.
Début 2024, le parquet de Lyon a ouvert une information judiciaire, confiée à trois juges d'instruction, à la suite d'un signalement de la Chambre régionale des comptes (CRC), elle-même saisie par un opposant.
La CRC a poursuivi en parallèle ses investigations et a conclu, dans un rapport publié en septembre, que depuis 2016, le système des chargés de mission de la Ville de Lyon ne respectait pas la loi, qui l'autorise à recruter uniquement douze personnes sur des fonctions politiques.
Outre ces 12 collaborateurs de cabinet, une vingtaine d'agents, contractuels ou fonctionnaires de la mairie, exercent aussi "des missions clairement politiques", estime la CRC qui évolue la "masse salariale concernée" à "environ 1,4 million d'euros en 2022".
Ces chargés de mission "sont souvent recrutés hors du cadre légal", "sans publication de l'offre de recrutement"; ils sont choisis directement par les adjoints et non par la hiérarchie administrative et ont été "pour partie recrutés à la suite de l'alternance", pointe encore la chambre dans son rapport.
D'autres cadres municipaux entendus en audition libre
Les faits couvrent les mandats du maire socialiste Gérard Collomb (décédé en 2023), de son ancien adjoint Georges Képénékian qui l'a remplacé en 2017 et 2018 quand il est entré au gouvernement d'Emmanuel Macron, puis de Grégory Doucet, élu en 2020.
Georges Képénékian, qui compte se présenter en 2026, a déclaré à l'AFP qu'il avait lui aussi été interrogé mardi pendant deux heures et demie, sous le régime de la garde à vue, dans le cadre de cette enquête.
"J'ai eu à expliquer comment fonctionnaient les chargés de mission et le cabinet du maire (...) j'ai dit que jusqu'en 2020, on n'avait jamais franchi la limite des 12" postes politiques, a-t-il dit, en niant toute irrégularité. Selon le JDD, d'autres cadres municipaux, dont des directeurs de cabinet, ont également été entendus mais en audition libre.
Le 13 mars 2024, une vingtaine de policiers avaient déjà mené une perquisition à l'Hôtel de Ville et questionné plusieurs chargés de mission. A la suite de la publication du rapport de la CRC, la Ville a supprimé 24 postes de chargés de mission, tout en soulignant ne pas "partager l'analyse juridique" de la chambre.
Ces chargés de mission "thématique, à l'interface entre les services et les élus, sont nécessaires pour la bonne mise en œuvre des grandes politiques publiques de la collectivité" et "sont essentiels à l'action municipale", défendait-elle alors dans un communiqué.