Accusé d'avoir "industrialisé" la location de taudis, Gérard Gallas, ex-policier devenu marchand de sommeil, a été condamné à cinq ans de prison, dont quatre ans ferme mercredi, à l'issue d'un procès emblématique de la gangrène de l'habitat indigne à Marseille. Pour son "homme de main", Ali Faissoili Aliani, absent durant tout le procès en novembre, lors duquel il avait été présenté comme un "factotum zélé qui n'hésitait pas à faire le coup de poing contre les mauvais payeurs", le tribunal correctionnel de Marseille a prononcé une peine de quatre ans de prison ferme avec mandat d'arrêt.
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Deux hommes condamnés à de lourdes amendes
Les deux hommes ont également été condamnés à de lourdes amendes, de 75.000 euros pour l'ancien policier au centre de rétention administrative de Marseille et de 45.000 euros pour son ancien bras droit. Le tribunal a également eu la main lourde au niveau des peines complémentaires, avec la confiscation définitive de deux immeubles détenu par le prévenu via des sociétés civiles immobilières (SCI), la confiscation de 220.000 euros saisis sur une assurance-vie à son nom, et 300.000 euros de dommages et intérêts au total pour les nombreuses parties civiles, dont la ville de Marseille.
Dans son jugement, le tribunal a estimé que Gérard Gallas avait soumis des personnes vulnérables à "des conditions de vie effroyables, dans des espaces confinés et insalubres, avec des risques majeurs pour leur santé et leur sécurité". "La qualité d'ancien policier de Gérard Gallas, connue d'un grand nombre de locataires, n'est pas anodine", a asséné le tribunal dans son délibéré.
"Mégalomane cupide", Gérard Gallas avait "industrialisé" la location de taudis, avait accusé le parquet dans son réquisitoire à l'automne, en demandant quatre ans de prison ferme contre l'ancien policier, une peine plus douce donc que celle décidée finalement par le tribunal. Dénonçant la "stratégie délibérée" mise en œuvre par Gérard Gallas entre 2019 et 2021, le procureur avait souligné "le choix délibéré" du prévenu "d'acheter des immeubles à bas prix dans des quartiers pauvres et de cibler des locataires vulnérables" : "On n'est pas dans une infraction d'ordre administratif, mais dans une infraction pénale : l'atteinte à la dignité humaine", avait insisté le magistrat.
En tout, en son nom propre ou via ses SCI, Gérard Gallas, 50 ans, possédait une centaine d'appartements dans une dizaine d'immeubles à Marseille. Mais ce procès ne concernait que les appartements dans quatre de ces bâtiments. Ces 72 logements, parfois aménagés dans des caves, étaient loués jusqu'à 600 euros, essentiellement à des étrangers en situation précaire, avec souvent des enfants mineurs. "On avait l'eau et l'électricité, mais pas tout le temps", et "il y avait des cafards et des scorpions", avait raconté à l'AFP une des victimes, Peter Destiny, 26 ans, arrivé du Nigeria à Marseille en 2019, dont la fille, Success, était née en 2020, en montrant des photos sur son téléphone.