Le principal suspect dans le meurtre de Philippine a été mis en examen à Paris mercredi par un juge d’instruction, pour "meurtre accompagné d’un autre crime", ce qui lui fait "encourir la réclusion criminelle à perpétuité", a indiqué le parquet de Paris à l’AFP.
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L'extradition, un "choix éclairé" de Taha O.
Également mis en examen pour viol en récidive, Taha O. comparaît actuellement devant un juge des libertés et de la détention qui doit décider de sa détention provisoire ou non. Dans le box, le Marocain est apparu voûté, le regard figé au sol, avant que le magistrat ne prononce le huis clos. A l'issue, son avocate n'a pas souhaité commenter. Le jeune homme, aux cheveux bruns coiffés en arrière et à la barbe brune, a été extradé mercredi dans la journée de Suisse, pays où il avait fui après les faits et où il avait été arrêté le 24 septembre.
Il a ensuite été présenté à une juge d'instruction, qui a prononcé sa mise en examen. Outre les chefs de mise en examen pour meurtre accompagné d'un crime en récidive et de viol en récidive, Taha O. est aussi poursuivi pour vol en récidive, ainsi que pour escroquerie en récidive pour des faits commis à Montreuil, selon le parquet. D'après le ministère public, il a gardé le silence devant la magistrate.
La France a déposé une demande d'extradition le 9 octobre mais le suspect avait refusé dans un premier temps d'être extradé de Suisse. Son avocate dans ce pays, Me Florence Yersin, avait ensuite annoncé qu'il avait finalement accepté cette extradition "après avoir compris les tenants et les aboutissants de la procédure", estimant qu'il s'agissait d'"un choix éclairé de sa part". Il avait été entendu une nouvelle fois ce lundi par le ministère public du canton de Genève et avait confirmé son consentement à une remise à la France selon une procédure d'extradition simplifiée.
Condamné à de la prison en France pour viol
Le meurtre de Philippine avait suscité un immense émoi en France et aussi un virulent débat public. Le suspect a déjà été condamné en 2021 pour viol, puis libéré en juin 2024, "en fin de peine", selon le parquet de Paris. Il avait ensuite été placé en centre de rétention administrative à Metz. A sa sortie, il a été assigné à résidence dans un hôtel de l'Yonne où il ne s'est jamais rendu. N'ayant pas respecté son obligation de pointer, il a été inscrit au fichier des personnes recherchées la veille du meurtre, le 19 septembre.
Il était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire (OQTF), ce qui a provoqué de vives réactions, en particulier à l'extrême droite. Après ce meurtre et l'arrestation du suspect en Suisse, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a également exhorté à "faire évoluer (l')arsenal juridique". Le 26 septembre, le président Macron avait exprimé "l'émotion de toute la Nation" après un "crime odieux" et estimé qu'il fallait "chaque jour mieux protéger les Français".
Dans une lettre adressée à l'AFP, une précédente victime du suspect avait pris la parole pour nuancer les débats. Le "dysfonctionnement" de l'OQTF ne doit pas "oblitérer la question primordiale de la récidive", avait-elle souligné dans sa lettre, authentifiée par l'AFP. "Quand bien même cette OQTF aurait été respectée, quels dispositifs de coopération internationale existent pour prévenir la récidive de crimes sexistes et sexuels de criminels expulsés ? Notre fraternité, notre humanisme, ne peut pas s'arrêter aux portes de nos frontières", avait-elle écrit.