Mulhouse : deux surveillants condamnés pour violences sur détenu

Deux surveillants pénitentiaires ont été condamnés ce jeudi à deux ans de prison dont un avec sursis pour l'un, et 18 mois dont neuf en sursis probatoire pour l'autre. Ils ont été reconnus coupables pour des violences sur un détenu, qui avait tenté de mettre fin à ses jours, au centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach.
Le tribunal de Mulhouse a condamné jeudi deux surveillants pénitentiaires à des peines de prison ferme et une interdiction définitive d'exercer dans la fonction publique pour des violences sur un détenu qui avait tenté de mettre fin à ses jours.
Un chef de la détention en quartier disciplinaire, âgé de 35 ans, a été condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis, et un autre surveillant, âgé de 30 ans, à 18 mois, dont neuf en sursis probatoire, pour des "violences volontaires" commises "par une personne dépositaire de l'autorité publique" et pour "faux et usage de faux".
"Le comportement des agents, c'est la stratégie du petit feu"
Les peines seront aménagées sous la forme d'une détention à domicile sous surveillance électronique. Deux autres surveillants du centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach ont été relaxés. Les quatre hommes avaient été interpellés fin novembre à la suite d'une tentative de suicide par pendaison du détenu, âgé de 31 ans, à l'aide de deux linges accrochés à une grille dans sa cellule.
Il tenait une lettre dans laquelle il disait avoir sollicité une promenade à une trentaine de reprises sans que cela lui soit accordé. Il écrivait aussi avoir été victime de coups infligés par le chef de la surveillance d'étage qui, selon lui, l'aurait étranglé, tandis qu'un autre surveillant l'aurait giflé à deux reprises. "Je veux que ma mort les hante à tout jamais", avait-il écrit. Le trentenaire avait été transféré en urgence absolue à l'hôpital après l'intervention rapide des surveillants en poste lors de leur ronde.
L'un des agents condamnés a reconnu une gifle lorsqu'il est entré dans la cellule pour, selon lui, calmer le détenu. L'autre a expliqué l'avoir attrapé par le col et fait s'asseoir sur le lit en lui demandant de se calmer. Les surveillants "sont investis d'une mission, d'une exemplarité", a déclaré la procureure Amandine Doat, déplorant que les agents aient rédigé "un faux rapport", jetant "l'opprobre sur la profession".
"Le comportement des agents, c'est la stratégie du petit feu, on le fait monter en pression progressivement : on réduit la promenade, on le pousse à la faute, on crée une situation de tension", a plaidé l'avocat du détenu, Mohamed Aachour, estimant que le "quartier disciplinaire, c'est une zone de non droit".