Pour le deuxième jour de son procès pour "prise illégal d'intérêts", le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti a dû répondre aux nombreuses questions du président de la Cour de justice de la République au cours d'une véritable séance d'interrogatoire. Dans la salle, l'ancien avocat est debout, face à la barre, avec face à lui Dominique Pauthe. Le président de la CJR est de son côté assis et enchaîne les questions.
"Je n'ai qu'un but aujourd'hui, réussir mon ministère"
"Pourquoi avoir mis autant de temps pour transmettre la liste de vos anciens clients à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique ?", a notamment demandé Dominique Pauthe. "Cela prend un peu de temps et je ne pense pas avoir été le dernier à remettre ce document", répond le garde des Sceaux. À chaque fois ou presque, le président rebondit, coupe la réponse, parfois pour recadrer le débat et revenir sur l'essentiel : le risque de conflit d'intérêt.
"Écoutez-moi bien" s'emporte Éric Dupond-Moretti. "Personne, je dis bien personne, ne m'a dit conflit d'intérêt, ni le conseiller justice de Matignon, ni celui de l'Élysée, ni mon administration". Quant aux soupçons de règlement de compte avec des magistrats avec qui il aurait eu des différends dans sa précédente vie d'avocat, le ministre n'y va pas par quatre chemins. "Cette histoire de règlement de compte, ça commence à bien faire", lâche-t-il. "Cette expression, au mieux, cela fait vengeur, au pire, cela fait mafieux".
L'ex-ténor du barreau se fait l'avocat de lui-même. "J'ai quitté un métier que j'adorais. Je n'ai qu'un but aujourd'hui, réussir mon ministère, le reste, je m'en fous", a-t-il conclu.