Prisons attaquées : que signifient les tags «DDPF» inscrits sur les murs des établissements visés ?
Plus d'une dizaine d'établissements pénitentiaires ont été visées partout en France depuis dimanche. Entre dégradations, incendies et tirs à l'arme automatique, ces attaques seraient coordonnées. L'inscription "DDPF" a également été retrouvée sur des voitures et des murs de certains établissements. Que signifient ces tags ?
"DDPF". Voici l'inscription qu'il est possible de retrouver depuis dimanche près des prisons visées par des attaques, mais aussi dans des immeubles où vivent des agents pénitentiaires. Dégradations, incendies, voire tirs à l'arme automatique, plus d'une dizaine de prisons partout en France sont la cible d'une potentielle action coordonnée. Que signifient réellement ces tags "DDPF" ?
"Défense des Droits des Prisonniers Français"
Un groupe revendique la "défense des droits des prisonniers français", via l'inscription "DDPF", sur un canal Telegram. Une vidéo publiée ce mercredi montre un agent pénitentiaire en uniforme sortant d'une voiture, une boîte aux lettres avec un zoom sur le nom inscrit dessus, puis un plan d'une voiture. Elle se termine par un plan de nuit d'une plaque noire portant le sigle "DDPF" avec en arrière-plan des flammes dévorant un véhicule.
Mardi, le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé se saisir de l'enquête. Le même jour, sur son canal Telegram, le groupe affirme que "[la DDPF] se déploiera dans toute la France pour mettre en lumière notre cause et notre combat". Avant d'ajouter : "Sachez que nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes là pour défendre les droits de l'Homme à l'intérieur des prisons".
La "DDPF" dénonce également les conditions de vie en prison et le comportement de certains agents pénitentiaires. "Depuis quelques années, une majorité des surveillants humilie, insulte et violente les personnes détenues. Quand les détenus se plaignent en faisant un recours, ils finissent à l’opposé de la France ou avec des fouilles humiliantes répétées ordonnées par la hiérarchie", écrit le groupe. "Ils ne respectent en aucun cas la loi, par contre, quand cela les arrange, ils l'appliquent fermement".
Gauchistes radicaux, trafiquants de drogue, islamistes...
Selon les enquêteurs, la piste du banditisme est prise au sérieux car plusieurs modes d'action, comme les tirs à la Kalachnikov à Toulon, relèvent de leur mode opératoire. Ils ont effectivement été observés plusieurs fois par les policiers, lors des règlements de compte entre trafiquants de drogue.
Cependant, les personnes en charge du dossier soulèvent aussi la piste de l'ultra gauche violente. Et pour cause, le sigle DDPF, les dégradations et les incendies de véhicules, ressemblent davantage à la mouvance radicale d'extrême gauche. Une signature venue tout droit du milieu anarcho-syndicaliste italien et de sa lutte contre le régime carcéral.
Dans le canal de messagerie cryptée revendiquée par le groupuscule DDPF, se rencontrent des profils contestataires anti-État, des anti fascistes, des individus reprenant les codes des narcotrafiquants, mais aussi des personnes aux discours antisémites, victimaires selon lesquels l'État serait islamophobe. Des propos sans rappeler l'idéologie islamiste et la rhétorique des Frères musulmans.
"Un acte d'intimidation extrêmement grave"
Une conversation aux allures de cour des miracles des acteurs de la délinquance et du crime. Transparait en filigrane, la menace d'une convergence des intérêts qui pourrait mener à l'insurrection, si toutefois, les trafiquants de stupéfiants mettaient leur arsenal d'armes au service de la lutte anticarcéral.
Invité ce mercredi de La Grande interview Europe 1-CNews, le ministre de la Justice Gérald Darmanin affirme qu'"il y a manifestement des gens qui essayent de déstabiliser l'État en l'intimidant. C'est un acte d'intimidation extrêmement grave". Le garde des Sceaux assure vouloir faire face à ces attaques : "On ne va pas reculer. Parce que, si l'État recule, alors il n'y a plus de protection des Français".