C'est un procès retentissant qui s'ouvre ce mardi devant la cour d'assises à Bobigny. Trois policiers sont jugés pour l'interpellation violente à Aulnay-sous-Bois, en 2017, de Théo Luhaka, qui s'était opposé violemment au contrôle des forces de l'ordre. Le jeune homme de 28 ans est désormais porteur d'un handicap à vie, touché par un coup de matraque télescopique au niveau de l'anus. Une affaire érigée en symbole des violences policières par une partie de la classe politique.
À l’audience, c'est un magistrat spécialisé dans la traque des policiers violents qui représentera le parquet. Un certain Loïc Pageot, vice-procureur et surtout "bête noire" des policiers dans le département de Seine-Saint-Denis.
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Une réputation d'anti-flic
Il aurait dû partir à la retraite l'année dernière mais Loïc Pageot a obtenu du Garde des Sceaux quelques mois d'activité supplémentaire. Le temps nécessaire pour porter lui-même l'accusation au procès Théo, son dernier grand procès d'assises.
"Il réclame parfois des peines disproportionnées"
Au cours de sa carrière, ce magistrat s'est construit une solide réputation d'anti-flic. "Il voit des ripoux partout", colère un policier de Seine-Saint-Denis. Un autre regrette qu’il considère que la parole d'un délinquant a le même poids qu'un procès-verbal écrit par un policier assermenté. "Il est très dur, sévère et réclame parfois des peines disproportionnées", poursuit un avocat.
Un commissaire de police nuance : "Ce n'est pas le procureur le plus rigolo mais il est professionnel." Loïc Pageot le reconnaît lui-même : il requiert dans 90% des cas des interdictions d'exercer à l'encontre des policiers. Son dernier fait d'armes est le démantèlement de la sulfureuse CSI de Seine-Saint-Denis, une unité empêtrée dans une quinzaine d'enquêtes judiciaires. Il avait requis l'année dernière jusqu'à deux ans de prison ferme à l'encontre de policiers suspectés de vol, de violences aggravées et de faux en écriture publique.