Mardi 28 novembre s’ouvre le procès de Monique Olivier, l’ex-compagne du tueur en série Michel Fourniret, devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine à Nanterre. Après la mort du criminel en 2021, c’est dorénavant seule que Monique Olivier comparaît devant la justice pour répondre de sa complicité pour trois enlèvements et meurtres, dont celui d’Estelle Mouzin en 2003. Mais quel est le profil de Monique Olivier ? Comment a-t-elle rencontré Michel Fourniret ? Et pourquoi aurait-elle accepté d’agir à ses côtés ? Dans le podcast Original "L’Ombre" produit par Spotify et Europe 1 Studio en 2022, la journaliste Chloé Triomphe tire les fils de l’enquête sur l’affaire Estelle Mouzin pour y voir plus clair, en compagnie de Me Richard Delgenes, l’avocat de Monique Olivier.
Une image façonnée par Michel Fourniret lui-même… Pour commencer, Monique Olivier "est loin d'être la ravissante idiote dont se moque régulièrement Michel Fourniret", explique la journaliste Chloé Triomphe dans le podcast "L’Ombre". Des experts psychiatres affirment que Monique Olivier est dotée d'un QI bien supérieur à la moyenne. Mais malgré son intelligence, Monique Olivier “passe sa vie à se sentir inférieure”, note la journaliste. Elle est décrite par son premier mari comme une "fille spéciale". Avant de faire la rencontre de Michel Fourniret, Monique Olivier n’est pas satisfaite de la vie qu’elle a construite : "Pas grand chose ne lui réussit dans la vie. Côté sentiment, elle dit qu'elle ne sait pas ce qu'est l'amour, qu'elle est mal tombée avec les hommes", rapporte encore Chloé Triomphe.
Une femme qui parle peu. Les enquêteurs ont souvent décrit sa façon de parler comme lente et "molle" : "Au début [des interrogatoires, NDLR], elle est timide, elle ne parle pas beaucoup, on a du mal à avoir une conversation longue avec des phrases construites" témoigne son avocat, Me Michel Delgenes. Mais sur le fond, Monique Olivier "parle", c’est elle qui dénonce notamment certains crimes de Michel Fourniret. C’est elle surtout qui finit par faire voler en éclats l’alibi qu’il avait construit pour le jour de la disparition d’Estelle Mouzin, le 9 janvier 2003. "Monique Olivier parle des enlèvements, des viols… mais à partir du moment où la victime est tuée par Michel Fourniret, elle n'a plus de souvenir, comme s'il y avait un blocage", décrypte son avocat dans le podcast "L’Ombre".
Un pacte diabolique. Le point de départ de l'histoire du futur couple se trouve en détention, en 1987. Michel Fourniret est incarcéré pour viol et agression sexuelle. Pour avoir de la compagnie, il fait paraître une annonce dans un journal : "Monique Olivier tombe dessus (...) Au total, les futurs époux vont s'échanger plus de 200 courriers", rapporte la journaliste Chloé Triomphe. Très vite, Michel Fourniret lui fait part de sa quête criminelle, de son obsession pour les jeunes filles vierges. Mais Monique Olivier ne recule pas. De son côté, elle souhaite se venger de son ex-mari qui la prive alors de ses enfants.
Ainsi, le pacte est scellé entre le tueur et sa complice : "Elle a vu que c'était écrit, elle n'est pas débile et elle participe", reconnaît son avocat. À la sortie de prison de Michel Fourniret, le pacte devient concret : Monique Olivier se transforme en complice des crimes de son mari. Un lien très fort qui n’a pas disparu au fil des années, et au-delà des arrestations. "Pour être très clair, leur pacte n'a jamais explosé. Bien sûr que la prison, qui les éloigne, met un coup à ce pacte. Néanmoins, il est toujours là", assure Me Richard Delgenes dans le podcast "L’Ombre", disponible en exclusivité sur Spotify.