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Saisie record de cocaïne en France en 2024, la douane «submergée»

Europe 1 Avec AFP // Crédit photo : Thibaud MORITZ / AFP . 2 min
Saisie record de cocaïne en France en 2024, la douane «submergée»
Saisie record de cocaïne en France en 2024, la douane «submergée» © Thibaud MORITZ / AFP

Depuis le début de l'année, la douane multiplie les saisies conséquentes de cocaïne, témoignant d'un trafic qui "submerge" leurs services. La ministre des Comptes publics a affirmé que les douaniers réalisent "près des deux tiers des saisies de stupéfiants dans notre pays", montrant qu'ils sont "en première ligne contre ceux qui veulent gangréner notre société par le narcotrafic"

Près de 10 tonnes dans un conteneur à Dunkerque, 200 kg dans des valises à Roissy, 800 kg dans un camion : depuis janvier, les douaniers multiplient les saisies spectaculaires de cocaïne, ce qui témoigne d'un trafic qui "submerge" leurs services.

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"Avec plus de 110 tonnes de stupéfiants saisis en 2024, pour une valeur de 1,2 milliard d'euros" sur le territoire, "la douane a une fois encore réalisé près des deux tiers des saisies de stupéfiants dans notre pays", a relevé lundi la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin. "Elle a de nouveau montré qu'elle est en première ligne contre ceux qui veulent gangréner notre société par le narcotrafic", a-t-elle ajouté lors de la présentation du bilan annuel des douanes à La Seyne-sur-Mer (Var).

"Dire qu'on n'est pas un peu submergé par le phénomène serait mentir"

En 2024, les services douaniers ont saisi 20,97 tonnes de poudre blanche, une hausse de 74% par rapport à 2023 (12,3 tonnes), selon les chiffres de leur rapport annuel, publié lundi. C'était 17,8 tonnes en 2022, 18,6 en 2021, indique ce rapport. Avec l'ensemble des services de police et gendarmerie mais aussi la marine, les autorités françaises ont saisi 53,5 tonnes de cocaïne en 2024, soit une augmentation de 130% comparé à 2023 (23 tonnes). Une véritable "marée blanche", selon un douanier basé dans le sud de la France.

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"Dire qu'on n'est pas un peu submergé par le phénomène serait mentir", abonde Gilbert Beltran, directeur interrégional des douanes de Paris Aéroports.

Vendredi matin, ses services ont d'ailleurs saisi à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle 4,8 kg dans les valises d'une passagère brésilienne, en transit depuis Sao Paulo pour rejoindre Hambourg.

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La "blanche" était habilement dissimulée dans les bagages, compressée en deux plaques enroulées de film plastique noir et placées dans le double fond des valises, explique Philippe Rafi, chef divisionnaire à la tête de deux terminaux de l'aéroport. C'est le comportement "fuyant" de cette jeune femme de 26 ans qui a mis la puce à l'oreille des douaniers dans le hall d'embarquement du terminal 2F, où transitent quelques 56.000 passagers par jour, ajoute-t-il.

 

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Des saisies quasi-quotidiennes dans les aéroports

Dans les aéroports d'Île-de-France, la cocaïne saisie arrive majoritairement de Fort-de-France (Martinique), Cayenne (Guyane) et Sao Paulo (Brésil) depuis que les Pays-Bas "ont mis en place des politiques de contrôles très renforcés" à l'aéroport de Schiphol à Amsterdam, indique Gilbert Beltran. Et les trafiquants sont de plus en plus inventifs pour faire transiter la poudre, "c'est un jeu du chat et de la souris", raconte Philippe Rafi.

Les douaniers observent que depuis quelques mois, il y a moins de "mules" ayant ingéré de la drogue. Mais "on a des quantités de plus en plus importantes de cocaïne qui arrive à l'aéroport" mélangée à d'autres produits comme du cacao ou "du liquide", détaille M. Rafi. Si les saisies sont désormais quasi-quotidiennes dans les aéroports, "on ne prend que l'écume", souligne toutefois M. Beltran. Contrôler un passager soupçonné d'avoir ingéré des boulettes de drogue mobilise au moins deux agents, détaille-t-il.

La personne est d'abord conduite au service médical de l'aéroport pour vérifier son état de santé, puis transférée à l'institut médico-légal de l'Hôtel-Dieu à Paris, "qui n'a que sept lits" pour prendre en charge ces "mules". "Je n'ai pas 30 agents pour 15 mules par vol", insiste M. Beltran.

Fabriquée en Colombie, au Pérou et en Bolivie, la cocaïne profite ces dernières années des côtes vénézuéliennes pour quitter le continent sud-américain et, via la Martinique et la Guadeloupe mais aussi la République dominicaine, se déverser sur le marché européen, devenu l'un des plus prospères, devant les États-Unis.