"Il n'y a pas de justice, pas de fermeté contre la délinquance crédible sans prison", a affirmé vendredi Elisabeth Borne en inaugurant un nouveau centre pénitentiaire à Caen, au lendemain d'un Conseil national de la refondation consacré aux émeutes du début d'été. "Construire des places de prison, c'est assurer que les peines prononcées puissent être effectuées et donner confiance à nos concitoyens dans la capacité de la justice à les protéger", a ajouté la Première ministre, aux côtés du garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, qui défend actuellement au Parlement un projet de loi d'augmentation des moyens de la Justice.
Un texte adopté avec le soutien du RN
Ce texte a été largement adopté par l'Assemblée nationale mardi, avec le soutien du RN ainsi que de la droite, qui a obtenu l'ajout de 3.000 places de prison au plan déjà prévu de création de 15.000 places d'ici à 2027. Le nouveau centre pénitentiaire de Caen-Ifs sera doté de 551 places. "Bien sûr, la prison n'est pas la réponse à tout et, dans un Etat libre et démocratique, une politique pénale ne peut pas se fonder sur le tout-carcéral. Mais il n'est pas question de céder à l'angélisme, de refuser la prison par principe et d'affaiblir notre réponse pénale", a ajouté Elisabeth Borne, qui a rencontré des détenus de l'actuelle maison d'arrêt de Caen, en voie de fermeture.
"Quand la société est en danger, quand les actes commis sont graves, nous devons protéger les Français, avoir des réponses fermes, et les peines doivent être exécutées", a-t-elle insisté, dans une allusion aux violences urbaines qui ont secoué le pays fin juin et début juillet, et sur lesquelles un Conseil national de la refondation s'est penché jeudi soir.
La cheffe du gouvernement a toutefois insisté sur la nécessité d'une prison "digne pour les personnels comme pour les détenus", alors que les prisons françaises comptent 73.699 détenus pour 60.562 places, en rendant "hommage" aux personnels de l'administration pénitentiaire. Pour autant, "la fermeté de notre politique pénale (...) ne doit pas s'opposer à une meilleure réflexion sur le sens de la peine et sur la réinsertion des personnes détenues", afin de "prévenir la récidive", a-t-elle ajouté.