Pierre Gauttieri, l'ex-directeur de cabinet du maire de Saint-Etienne, a été mis en examen le mois dernier pour "association de malfaiteurs" dans l'affaire de la sextape visant à faire chanter le premier adjoint centriste, a-t-on appris jeudi de source judiciaire. Cette "mise en examen supplétive" a été prononcée le 18 décembre à l'encontre de l'ancien bras droit de Gaël Perdriau (ex-LR), en poste de 2014 jusqu'à son licenciement pour "rupture de confiance" fin 2022, a indiqué à l'AFP le parquet de Lyon, confirmant une information de Mediapart.
Durant une nouvelle audition par les juges d'instruction, Pierre Gauttieri qui avait jusque-là nié toute responsabilité dans le tournage de la vidéo compromettante, a par ailleurs directement mis en cause le maire, affirmant que la décision de faire chanter le centriste Gilles Artigues visait à le neutraliser politiquement, selon Mediapart. "Il a donné son feu vert quand ça lui a été soumis par moi", a déclaré Pierre Gauttieri aux magistrats, selon les extraits de procès-verbaux d'audition récupérés par Mediapart.
Contestation "avec force" des nouvelles déclarations
Face à ces nouvelles accusations, le maire de Saint-Etienne a contesté "avec force" les "nouvelles déclarations" de Pierre Gauttieri, qui sont selon lui "en totale contradiction avec celles qu'il a faites depuis le début de la procédure". "Et je maintiens avec la même force ne pas avoir demandé, organisé, bénéficié, ni de près ni de loin, d'un quelconque chantage", écrit-il dans un court communiqué. Un de ses avocats, contacté par l'AFP, s'est dit "scandalisé par les violations renouvelées du secret de l'instruction".
Fin août 2022, le site d'informations Mediapart avait dévoilé l'existence d'une scène intime tournée en janvier 2015 dans un hôtel parisien avec un escort-boy dans le but de faire chanter le premier adjoint. Le 6 avril, Gaël Perdriau a été mis en examen pour chantage, en même temps que Pierre Gauttieri, son ancien adjoint Samy Kéfi-Jérôme et l'ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet. Exclu du parti Les Républicains, il a toujours refusé de démissionner de ses fonctions électives, tout en se mettant en retrait de la métropole.
Un projet de chantage aussi contre l'ancien maire de Saint-Etienne ?
Lors de sa récente audition, l'ex-directeur de cabinet a en outre appuyé les déclarations de Gilles Rossary-Lenglet qui affirme avoir "demandé 40.000 euros pour réaliser cette opération", et explique que le maire lui aurait déclaré "je m'en occupe". Fin septembre, Gilles Rossary-Lenglet a transmis à la justice et à Mediapart un nouvel enregistrement, portant sur un projet de chantage, remontant à juin 2015, contre l'ancien maire de Saint-Etienne Michel Thiollière (UMP-rad). L'idée, selon lui, était de piéger l'ancien édile avec une prostituée mineure.
Suite à ces déclarations, le parquet de Lyon a pris un réquisitoire supplétif pour élargir le champ de l'enquête, désormais également ouverte pour association de malfaiteurs, en vue de préparer le délit de chantage. Contacté par l'AFP, Michel Thiollière a annoncé avoir décidé de se constituer partie civile, compte tenu des mises en examen pour association de malfaiteurs pour les faits (le) concernant".