La confrontation au tribunal de Paris entre le sénateur Joël Guerriau et la députée Sandrine Josso, qui l'accuse de l'avoir droguée afin de l'agresser sexuellement l'an dernier, est terminée, ont constaté des journalistes de l'AFP. Cette confrontation, dans le cabinet du juge d'instruction, a duré près de quatre heures. "C'est très lourd et compliqué de se retrouver avec son agresseur pendant presque quatre heures", a confié à la presse Sandrine Josso, en sortant du tribunal. "J'ai été comme d'habitude très factuelle", a-t-elle estimé.
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Malgré l'affaire, Joël Guerriau refuse de démissionner
"La justice fait son travail" mais a "des points à améliorer": "imposer des confrontations" à des victimes c'est "très traumatisant", a-t-elle ajouté. "Je suis serein", a de son côté déclaré à l'AFP Joël Guerriau. "Cette confrontation a été très utile", a abondé son avocat, Me Henri Carpentier. "Elle a permis de faire avancer la vérité, et cette vérité-là ne dérange pas Joël Guerriau, tout au contraire", a affirmé son conseil, qui le défend aux côtés de Me Marie Roumiantseva.
Cette affaire a mis en lumière le fléau de la soumission chimique jusque dans les hautes sphères du monde politique. Le 14 novembre, Sandrine Josso, députée MoDem de Loire-Atlantique, s'était rendue au domicile parisien de son "ami politique", comme elle l'a décrit devant les magistrats, qui célébrait sa réélection. Seule invitée, elle en était ressortie avec 388 ng/ml d'ecstasy dans le sang, d'après les analyses toxicologiques dont l'AFP a eu connaissance mercredi. Une dose bien supérieure à la quantité dite récréative.
Ces analyses montraient aussi une absence de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé cette soirée. Comment Sandrine Josso s'est-elle retrouvée, ce soir-là, avec autant d'ecstasy dans le sang ? Dans ce dossier, l'absorption de drogue et ses effets délétères sur Sandrine Josso, qui souffre un an après d'un stress post-traumatique, ne semblent pas discutés. Tout l'enjeu repose sur l'intention.
La confrontation mercredi, devant un juge d'instruction, a notamment porté sur ce qu'a pu voir Sandrine Josso le soir des faits, la plaignante ayant expliqué avoir vu Joël Guerriau manipuler un sachet blanc, d'après une source proche du dossier à l'AFP. Lors d'un interrogatoire en septembre, Joël Guerriau avait aussi été interrogé sur des recherches suspectes dans son téléphone portable : l'expertise de son mobile a révélé des consultations en ligne autour du viol et des drogues, notamment sur des points de vente, le 9 octobre 2023, près d'un mois avant les faits dénoncés par Sandrine Josso (MoDem). Lui conteste les accusations.
A Ouest-France, fin septembre, il a affirmé avoir effectué ces recherches après avoir entendu parler d'une "relation proche de quelqu'un de mon entourage" qui avait perdu connaissance. Depuis sa mise en examen et sa suspension de son parti Horizons et de son groupe parlementaire Les Indépendants-République et Territoires en novembre 2023, le parlementaire n'est plus apparu au Sénat. Fin septembre 2024, il a annoncé se mettre "en retrait" des travaux parlementaires et quitter ses fonctions exécutives "à la demande" du président du Sénat.
Il a toutefois exclu de démissionner dans un entretien accordé à Ouest France fin septembre.